Dans un article de Mathieu Dion publié le 30 septembre sur le site de Radio-Canada (« Le marché du condo neuf n’a pas dit son dernier mot à Montréal »), on présente le futur développement immobilier de luxe Le Sherbrooke, dans le Mille carré doré. Avec ses trois tours reliées et 562 appartements, cet édifice deviendrait un des plus imposants gratte-ciel construits depuis 2012.

Je trouve que le ton positif de l’information qui circule dérange. Laissons les promoteurs se vanter, mais n’ajoutons pas notre voix aux louangeurs : par son style et ses dimensions, ce projet ne présage rien de bon pour le quartier patrimonial du Mille carré. Un autre aspect du problème est l’impact négatif sur les résidants du district avoisinant, dont je fais partie.

En effet, même si le Comité consultatif d’urbanisme de l’arrondissement de Ville-Marie s’est penché sur les détails du projet, les dimensions de l’immeuble ne semblent pas avoir rencontré d’objection. Or, la taille surdimensionnée de cet édifice nuirait aussi à son voisinage, c’est ce que j’ai signifié au Conseil d’arrondissement du 5 octobre.

L’essence de la réponse que j’ai reçue est, en bref : « Désolés, l’édifice ne dépasse pas la surhauteur permise, il est de plein droit. Nous prévoyons de revoir la réglementation, qu’on n’aime pas, mais qui est celle d’une autre administration. Le projet a déjà reçu son permis. »

Pourquoi accepter sans broncher la construction d’un complexe si haut, si grand ? Même si la hauteur rentre dans les normes, un comité où il y a des experts et des citoyens n’a-t-il pas le rôle et la latitude de juger de façon plus nuancée un projet qui lui est soumis ? Cet ensemble de trois tours est non seulement très haut – presque deux fois et demie la hauteur des bâtiments en face – mais aussi très large, d’où une apparence massive qui ne cadre pas avec le Mille carré. Entre autres, l’immeuble patrimonial des Medical Arts attenant risque d’être complètement écrasé par les dimensions démesurées du nouvel édifice. De surcroît, cette construction va perturber énormément la vie de son entourage : on peut continuer à débattre de l’aspect urbanistique ou architectural, mais le côté citoyen est de toute évidence raté. De fait, pour ce qui est de l’impact sur la population et la vie de quartier, je doute qu’on s’en soit réellement préoccupé.

Ainsi, on arrive au nœud du problème : une façon de faire qui ne laisse aucune place aux réactions des citoyens, ne les informe pas, ne les consulte pas. Or, on devrait aviser le public de façon transparente des enjeux des projets d’envergure soumis aux arrondissements. Sinon, le bonheur des uns fait le malheur des autres : ce genre de projet immobilier est loin d’être aussi bénéfique qu’on nous le présente, même économiquement. En effet, en plus de nuire à de nombreux résidants, un tel édifice déshonore un quartier emblématique de Montréal, riche d’histoire et constituant majeur de la culture de notre ville.

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