On mentionne souvent que le cancer de la prostate est une maladie taboue. Ce n’est pas le cancer de la prostate qui est tabou en soi, mais plutôt, les effets secondaires potentiels liés au traitement de cette maladie. L’effet secondaire qui contribue le plus à rendre cette maladie taboue est la dysfonction érectile.

La dysfonction érectile ne se limite pas à la capacité à avoir une érection. Elle inclut aussi l’incapacité à maintenir une érection afin d’avoir une relation sexuelle satisfaisante. La dysfonction érectile peut avoir des effets dévastateurs chez l’homme aux prises avec ce problème. Elle engendre l’anxiété et cause des problèmes de détresse psychologique, ce qui peut amener, dans certains cas, au suicide.

Dès leur jeune âge, les hommes sont exposés à des courants de pensée selon lesquels la masculinité est synonyme de pénis en érection. La performance du pénis définit la sexualité. Il n’est donc pas surprenant de voir l’identité masculine déstabilisée lorsque ce dernier n’est pas performant.

Les troubles sexuels sont au premier rang des impacts sur la qualité de vie après un traitement contre le cancer de la prostate. Dans 66 % des cas de cancer de la prostate, la sexualité demeure perturbée deux ans après le diagnostic.

Les impacts de la fonction érectile et sexuelle nécessitent une prise en charge la plus précoce possible, car plus on attend, moins c’est facile de récupérer sa fonction sexuelle et de retrouver une vie sexuelle satisfaisante.

Il est important de considérer la sexualité comme partie intégrante de la vie d’un homme tout au long de sa trajectoire de soins et après ses traitements. La santé sexuelle est un droit fondamental pour chaque personne touchée par le cancer de la prostate. Cela étant dit, il est donc essentiel d’offrir des services d’intervention sexologique et des thérapies adéquates afin d’aider ses hommes à retrouver une certaine normalité.

Un traitement qui a un coût

À cet égard, le 21 janvier 2020, La Presse a publié un article sous la plume de la journaliste Ariane Lacoursière faisant état d’un citoyen de La Prairie, Claude Boivin, qui souffrait de dysfonction érectile après avoir été opéré pour un cancer de la prostate et qui déplorait que les médicaments prescrits pour le traiter ne soient pas remboursés au Québec.

Il affirmait dépenser environ 350 $ par mois pour soigner ses dysfonctions érectiles. « J’ai le moyen de me les payer. Mais les hommes qui ne peuvent pas, ils font quoi ? », demandait-il.

Dans son article, Mme Lacoursière notait que « les médicaments contre la dysfonction érectile figure sur la courte liste d’exclusions, au même titre que les médicaments prescrits à des fins esthétiques ou pour traiter la calvitie ». Comme le soulignait M. Boivin, « son problème de dysfonction érectile découle d’une intervention chirurgicale contre le cancer de la prostate, et les médicaments pour contrer son problème devraient être remboursés au Québec, au même titre que les reconstructions mammaires des femmes opérées pour un cancer du sein le sont ». Et d’ajouter : « La dysfonction érectile peut entraîner la dépression et le suicide… ça devrait être assez [pour justifier le remboursement]. » Malheureusement, deux mois plus tard, la pandémie de COVID-19 nous frappait, et toutes les initiatives de M. Boivin et les demandes de remboursement furent éclipsées.

La semaine dernière, le comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer a annoncé que le taux de décès par cancer de la prostate avait diminué de moitié dans les 25 dernières années. Le cancer de la prostate se guérit plutôt bien, s’il est diagnostiqué tôt.

Nous croyons que cette baisse est en partie attribuable aux investissements en recherche, mais également aux campagnes de sensibilisation effectuées auprès des Québécois par l’ambassadeur émérite de PROCURE, Jean Pagé. Aujourd’hui, de plus en plus d’hommes survivent à un cancer de la prostate, mais bon nombre d’entre eux doivent composer avec des effets secondaires, tels que la dysfonction érectile.

Nous avons réussi à amener les hommes à prendre mieux soin de leur santé physique, il est maintenant temps de les aider à prendre soin de leur santé sexuelle et mentale. On parle ici de la qualité de vie !

En ce 19 novembre, Journée québécoise de sensibilisation au cancer de la prostate, Procure milite pour le remboursement des médicaments reliés à la dysfonction érectile à la suite d’un cancer de la prostate.

Nous demandons au ministère de la Santé et des Services sociaux de retirer les médicaments prescrits pour le traitement de la dysfonction érectile de la liste des cas d’exclusion de la RAMQ et exigeons, auprès des assureurs, dont la RAMQ, que soient remboursés, en tout ou en partie, les médicaments prescrits pour le traitement de la dysfonction érectile.

Lisez l’article d’Ariane Lacoursière (La Presse) Consultez le site de Procure Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion