Tant à l’Assemblée nationale que dans les médias, beaucoup de choses ont été dites ces derniers jours concernant les allophones qui fréquentent les collèges anglophones et la possible extension de la loi 101 au collégial.

Il va de soi qu’il importe d’assurer la pérennité et la valorisation de la langue française au Québec.

Il est cependant plutôt navrant qu’on se préoccupe peu de questions importantes comme la qualité de la langue française – tant écrite que parlée – ou encore du nombre d’analphabètes fonctionnels au sein de notre société.

Les préoccupations fort légitimes sur l’avenir du français au Québec se sont plutôt cristallisées autour de quelques collèges anglophones ciblés comme boucs émissaires. Mettons-les au pas et la question du français sera réglée !

Beaucoup affirment haut et fort qu’il faut appliquer la loi 101 au collégial. Or, même les plus ardents défenseurs de cette idée reconnaissent généralement que des données probantes sont manquantes pour bien cerner les véritables enjeux.

Pourquoi ne pas nuancer l’analyse en regardant de plus près la situation des nouveaux arrivants, fort différente de celle des allophones établis au Québec depuis des générations ? Pourquoi ne pas tenter de mieux distinguer la question de la langue d’usage de celle de la langue maternelle ?

S’opère-t-il réellement un transfert linguistique durable dans la langue parlée au travail ou à la maison après deux ou trois années d’études au collégial en anglais ? De même, il est nécessaire de mieux comprendre les véritables raisons qui incitent les étudiants à choisir des études collégiales en anglais.

Des analyses rigoureuses seraient nécessaires avant de faire des gestes législatifs importants qui risquent d’affecter l’avenir de milliers d’étudiants et la survie de certains établissements ancrés dans le tissu culturel montréalais et québécois.

Permettez-moi, à titre de francophone qui œuvre dans un collège anglophone, d’ajouter mon grain de sel, puisque le débat actuel fait toute la place à des impressions et des perceptions.

Ce que je constate, c’est que le français n’a jamais été aussi florissant au sein de mon établissement collégial anglophone. Nos élèves parlent souvent plus de deux langues, ce qui est une richesse pour la société québécoise.

Une très grande proportion des allophones de mon collège maîtrisent si bien le français qu’ils suivent les mêmes cours de français que les francophones.

S’il faut imposer une épreuve uniforme en français pour en attester, soit. S’il faut en faire plus pour valoriser le français au sein de nos murs, tant mieux. Pourvu que les ressources suivent ! Si ces mesures sont mises de l’avant en concertation avec le réseau collégial, elles seront en fait bien accueillies.

Il est réducteur, voire insultant, pour le grand nombre de francophones qui travaillent au collège Marianopolis de se voir montrés du doigt comme étant des vecteurs d’anglicisation. Nous sommes plutôt dévoués à favoriser la réussite éducative et l’épanouissement de nos élèves.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les collèges anglophones sont bien ancrés dans la réalité québécoise et sont conscients des enjeux linguistiques. Ils sont des partenaires, et non des coupables.

Et pour rassurer le lecteur, je parle toujours français, malgré plus de 25 ans de travail dans un collège anglophone.

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