Les auteures s’adressent au ministre de la Famille, Mathieu Lacombe

Depuis les récentes annonces du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, nous vivons dans la crainte de voir notre garderie adorée fermer, mais aussi de voir s’écrouler l’ensemble des garderies privées non subventionnées du Québec, qui accueillent plus de 70 000 enfants.

Cela représente 23 % des enfants qui fréquentent une garderie. Dans une période critique où le manque de places en CPE et dans les garderies subventionnées est criant, le ministre et son gouvernement ne peuvent permettre que des garderies fonctionnelles avec du personnel qualifié ferment et que leur clientèle se tourne vers le réseau public, déjà surchargé.

Notre garderie reçoit comme unique source de revenus ce qui est déboursé par les parents (46 $ par jour par enfant dans notre cas), alors que la somme que touchent les CPE, qui inclut la contribution gouvernementale et les 8,50 $ des parents, s’élève en moyenne à 77 $ par jour par enfant. La différence est colossale et les garderies privées non subventionnées arrivent à peine à subsister dans ces conditions. Rappelons qu’elles sont assujetties aux mêmes normes et exigences que les CPE (obtention d’un permis, programme éducatif, visites et inspections du Ministère, même ratio éducatrice-enfants).

Ce qui vient mettre le clou dans le cercueil, ce sont les récentes hausses salariales de 15,2 % à 20,2 % consenties aux éducatrices dans les CPE. Ces augmentations sont tout à fait justifiées, mais les garderies privées non subventionnées, dont le budget est déjà restreint, ne peuvent offrir des salaires comparables à leurs éducatrices.

Le ministre leur propose, encore une fois, de refiler la facture aux parents. Mais à court terme, leurs éducatrices vont prendre la direction des CPE pour être mieux rémunérées. Et sans employées, elles vont devoir fermer leurs portes. Le gouvernement doit donc, de manière urgente, verser de l’argent aux garderies privées pour qu’elles puissent mieux payer, elles aussi, leurs éducatrices.

Conversion des garderies privées

Par ailleurs, nous demandons au ministre Lacombe d’accélérer à la vitesse grand V la conversion des garderies privées en garderies publiques afin de permettre la continuité des services pour les enfants dont les parents travaillent. Cela permettrait de convertir les quelque 70 000 places existantes dans les garderies privées non subventionnées vers un réseau subventionné. Cela ferait aussi en sorte d’absorber une partie des enfants inscrits au guichet unique La Place 0-5. En effet, les garderies privées ont souvent des places à combler pour accueillir des enfants, y compris des poupons, car elles sont rarement au maximum de leur capacité, étant donné leurs tarifs élevés. En convertissant ces places non subventionnées en places subventionnées, elles deviendraient immédiatement disponibles pour des enfants sur la liste d’attente.

Et que dire de notre garderie, elle est exceptionnelle ! Ayant pignon sur rue depuis 11 ans, elle offre des services de la plus haute qualité. Son personnel expérimenté et attentif n’a pas bougé, malgré les salaires offerts dans les CPE. Ces éducateurs et éducatrices ont réellement à cœur le bien-être et le bon développement de nos enfants. Ils sont restés jusqu’à maintenant, car ils aiment leur milieu de travail. Mais pour combien de temps ? Ce serait vraiment malheureux de voir cette garderie fermer, au grand désarroi des enfants qui la fréquentent et des parents qui lui confient ce qu’ils ont de plus précieux.

Monsieur Lacombe, ne laissez pas nos garderies disparaître.

* Cosignataires, membres du comité des parents de la garderie privée non subventionnée Les Précieuses Gamineries : Coralie Deladrière, mère d’Abbygaell (2 ans et demi) ; Hélène Lacasse, mère d’Adrien (3 ans et demi) ; Kimani Daniel, mère de Keyon (2 ans et demi) ; Claudia Couture, mère de Soa (1 an)

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