Nous, personnalités cis, lesbiennes, gaies, bisexuelles et pansexuelles du milieu culturel québécois apportons notre soutien et notre solidarité aux communautés trans, non binaires et intersexes du Québec, qui vivent actuellement un moment inquiétant et douloureux de leur histoire – vous l’avez vu dans Elle Québec 1, vous l’avez vu dans Le Devoir2. Le projet de loi 2, dans son état actuel, cherche à diviser nos communautés, à diviser la population en créant deux catégories appartenant à une époque révolue.

Il semble que le gouvernement n’ait pas appris de son histoire. En 2002, il a tenté de créer deux types de couples : ceux qui sont mariés et ceux qui sont « unis civilement ». C’était déjà problématique : quand il y a une catégorie légale qui est créée seulement pour les « étranges », ça stigmatise et ouvre la porte à la discrimination. Nous ne l’avons pas accepté à l’époque, et nous avons fait entendre nos voix haut et fort. Nous ferons de même cette fois.

Nous entendons souvent qu’il y a aujourd’hui trop de mots pour parler de nos amours, de nos identités, de nos corps. Pourtant, l’État s’accorde le droit de choisir les étiquettes qui conviennent à celleux que ça concerne. Il dit de choisir une case le plus rapidement possible, puis en ajoute une autre au cas où on changerait d’idée plus tard ? C’est incongru et désolant.

Nous n’accepterons pas de nouvelles divisions dans la population québécoise, des divisions qui créent deux classes. Nous avons à l’œil toute tentative de morceler nos luttes, nos droits, notre souveraineté corporelle.

Nous croyons qu’il est possible de faire mieux, de choisir les bons mots et les bons moyens pour continuer à être à l’avant-garde des progrès LGBTQI+dans le monde, en tant que nation québécoise, comme nous l’avons été depuis les 40 dernières années.

Les personnes trans, non binaires et intersexes au Québec représentent un joyau culturel : nous devons les protéger coûte que coûte. Nous savons que le gouvernement croyait bien faire : c’est pourquoi nous lui demandons de retourner à la table de dessin avec les personnes concernées pour repenser ce à quoi ressemblerait une législature qui les respecte et les reconnaît.

Vous reconnaissez nos amours et nos familles ; il n’y a qu’un pas de plus pour reconnaître que la fluidité des genres et des corps s’exprime enfin dans nos institutions comme dans nos vies.

1 Lisez la lettre dans Elle Québec 2 Lisez la lettre dans Le Devoir

*Cosignataires : Maryse Andraos, autrice ; Jennifer Bélanger, autrice ; Simon Boulerice, auteur ; Gabriel Cholette, auteur ; Nicholas Dawson, auteur et éditeur ; Xavier Dolan, réalisateur, producteur, comédien et scénariste ; Florence Gagnon, éditrice et autrice ; Nicholas Giguère, auteur ; Jean-François Guevremont/Rita Baga, artiste ; Kevin Lambert, auteur. e ; Mélanie Landreville, autrice ; Samuel Larochelle, auteur ; Catherine Lavarenne, autrice ; Katherine Levac, comédienne ; Judith Lussier, journaliste ; Debbie Lynch-White, comédienne ; Laurence Olivier, autrice et cinéaste ; Sophie Paradis, comédienne ; Kiev Renaud, autrice ; Chloé Robichaud, réalisatrice et scénariste ; Camille Toffoli, autrice ; Dany Turcotte, animateur ; Yannick Nézet-Séguin, chef d’orchestre

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