Depuis son annonce officielle, en décembre 2020, le projet de REM de l’Est soulève des débats. Plusieurs, dont les membres de l’Alliance pour l’est de Montréal, ont salué cette importante décision porteuse d’un vent d’espoir et d’une occasion réelle de revitalisation en profondeur de l’est de Montréal.

De la mobilité durable au développement socio-économique en passant par un accès accru aux établissements d’enseignement supérieur, l’arrivée d’une infrastructure de transports collectifs de cette envergure répondait aux demandes maintes fois répétées par la majorité des acteurs de l’est de Montréal.

Pour nous, membres de l’Alliance1, il ne fait aucun doute de la pertinence d’un moyen de transport collectif pour l’Est qui permettrait de raccorder Rivière-des-Prairies et Montréal-Nord au centre de l’île de Montréal.

Depuis l’annonce du projet, des groupes le soutiennent, d’autres le critiquent. Certaines de ces critiques méritent d’être prises en considération. Tout projet de grande envergure rapidement ficelé, comme celui du REM, est sujet à bonification. Il est donc nécessaire d’écouter ces préoccupations et propositions, pourvu qu’elles prennent bien en compte et respectent les besoins de la population de l’est de Montréal.

Des citoyens et des citoyennes, des organisations, des entreprises et des institutions ont des questions légitimes et pertinentes sur ce projet. Leurs préoccupations ne sont pas théoriques. Bien au contraire, elles sont concrètes. La population et les organisations de la société civile auraient besoin d’une consultation de plus grande envergure avec de l’information communiquée en amont dans le processus. D’aucuns diront que la façon de faire du maître d’œuvre étouffe la flamme originelle de ce formidable projet qui, dans les faits, pourrait être un moteur de la revitalisation de l’est de Montréal.

L’Alliance est certainement préoccupée par les défis accompagnant un tracé aérien, et scrute l’ensemble des considérations urbaines ainsi que la qualité de l’aménagement. Mais elle attache autant d’importance aux enjeux des abords des futures stations, à leur nature même et à leur intégration dans les quartiers et communautés qui seront desservis.

Comment est pensée cette intégration ? Seulement à la façon d’un tracé ferroviaire ou sous l’angle d’un réseau de transport qui appuie le développement des milieux avoisinant chacune des stations du REM. Un réseau de transport dont chaque gare rendrait compte de la couleur des quartiers avoisinants. Veut-on créer de petits Griffintown avec les problèmes d’aménagement qui y sont associés, ou désire-t-on faire de ces gares des pôles de développement centrés sur les besoins des populations locales et les caractéristiques des milieux ?

Pour l’Alliance, il est primordial d’aller au-delà d’un REM doté de stations fonctionnelles uniquement du point de vue du transport. L’idée de faire des gares des stations thématiques s’avère pour nous une occasion de développement beaucoup plus structurante et pertinente. De par sa nature, l’Alliance désire jouer un rôle dans le dialogue à établir avec les autorités responsables et la communauté. Être un facilitateur, un accompagnateur dans le travail d’idéation autour de la définition des thématiques et de la signature des stations.

Il nous semble également important de souligner que la question de la planification des gares n’est pas seulement la responsabilité de CDPQ-Infra. En effet, la Ville de Montréal et les arrondissements devront être au cœur de cette planification. Ces derniers ont les outils réglementaires nécessaires pour orienter le développement territorial adjacent aux gares. Considérant l’effet structurant de ce projet, la contribution de la société civile serait un atout supplémentaire pour en garantir une réalisation harmonieuse.

Pour les membres de l’Alliance, le REM de l’Est ne se limite pas à un projet technique de transports collectifs. Il a l’ampleur d’une colonne vertébrale au service de la revitalisation urbaine du tiers de l’île de Montréal. Il représente une occasion unique de repenser la communauté urbaine, la ville, les quartiers et leurs aménagements.

Plus profondément, il importe rapidement de s’entendre sur la façon d’arrimer le déploiement technique du REM au déploiement d’une vision intégrée dans les milieux qu’il dessert. Il y a dans cet arrimage une condition gagnante pour atteindre l’acceptabilité sociale de ce projet.

1. Dans une perspective de transition sociale et écologique, l’Alliance pour l’est de Montréal a comme mission de mobiliser les acteurs de la société civile autour de projets et d’initiatives socioéconomiques favorables au développement intégré de l’est de Montréal.

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