Nous estimons que 3,1 millions de Canadiens souffrent d’allergies alimentaires et que plus de 7 millions souffrent d’intolérance alimentaire. C’est beaucoup de monde, et tout porte à croire que ce chiffre augmentera au cours des prochaines années.

En raison de l’attention portée à la pandémie, nous discutons peu des cas d’allergies alimentaires, un sujet qui semble passer aux oubliettes ces temps-ci. Avec une année scolaire déjà bien entamée et l’Halloween qui arrive à grands pas, les parents d’enfants qui souffrent d’allergies sont sur leurs gardes. Cette affection change une vie, des vies. Les intolérances alimentaires peuvent être difficiles à gérer et, dans le cas d’une allergie alimentaire, la vie de nombreux Canadiens peut se voir menacée en un rien de temps. Un nouveau rapport publié par l’Université Dalhousie, avec le concours d’Allergies alimentaires Canada, révèle que 3,1 millions de Canadiens souffrent d’allergies alimentaires et que plus de 7 millions souffrent d’intolérance alimentaire.

Avec la pandémie, la nourriture s’achète de plusieurs façons – en magasin, en ligne avec ramassage au magasin ou livraison –, mais pour les consommateurs qui doivent se protéger des allergènes ou de certains ingrédients qui provoquent des intolérances, est-ce qu’on leur fournit l’information nécessaire ? Au cours des 20 derniers mois, la distribution alimentaire a littéralement éclaté. Nous estimons que plus de 3500 Canadiens subissent un choc anaphylactique chaque année en mangeant des aliments contre-indiqués pour eux, et beaucoup en meurent. Compte tenu des changements dans la distribution alimentaire, certains spécialistes prétendent que ce nombre pourrait augmenter au cours des prochaines années.

De surcroît, l’emballage des aliments pose des difficultés à l’industrie pour étiqueter correctement les allergènes. D’ailleurs, en 2020, environ 35 % des rappels alimentaires au Canada s’effectuaient en raison d’une présence présumée d’allergènes non déclarés dans les aliments. L’objectif du récent rapport de Dalhousie vise à mieux comprendre la prédominance des allergies et intolérances alimentaires chez la population canadienne et à voir comment les Canadiens gèrent leur état.

À la question de savoir comment leur état a été diagnostiqué, 41,3 % des personnes interrogées ont déclaré qu’un expert en allergies avait posé le diagnostic de leur état. Un total de 22,4 % a déclaré que leur problème de santé avait été diagnostiqué par un non-allergologue ou un médecin. Au total, 36,2 % des Canadiens ont déclaré avoir autodiagnostiqué leur état. Autrement dit, de nombreuses personnes ont consulté un professionnel, un nombre plus important que ce que l’on croyait initialement.

Quant aux intolérances alimentaires, 48,1 % des gens sondés ont indiqué que leur intolérance alimentaire avait été autodiagnostiquée. Tous les autres participants ont affirmé que leur problème avait été diagnostiqué par un allergologue (25,5 %) ou par un médecin (26,4 %).

Au total, 45,2 % des personnes interrogées ont remarqué leur allergie ou leur intolérance à l’âge adulte. De plus, 19,6 % ont eu un diagnostic avant l’âge de 6 ans, 11,6 % entre 6 et 10 ans et 10,1 % entre 11 et 15 ans. Un total de 13,7 % a reçu le diagnostic entre 16 et 19 ans.

Il est intéressant de noter que 53,9 % des gens ont déclaré avoir pris conscience de leur allergie ou de leur intolérance au cours des cinq dernières années. Cela correspond à plus de la moitié des participants.

De nombreux Canadiens ont réagi à certains aliments au fil des ans. Alors que 33,7 % d’entre eux ont eu une réaction plusieurs fois, 13,8 % ont eu une réaction une seule fois. Un total de 23,4 % des participants n’avaient pas encore eu de réactions. Parmi les Canadiens atteints d’une affection, 46,3 % croient que les produits alimentaires sont correctement étiquetés, 27,8 % croient que les produits alimentaires ne sont pas correctement étiquetés et 25,9 % ne sont pas certains. Au total, 57,8 % des participants présentant une affection croient que les épiciers offrent suffisamment de choix aux personnes souffrant d’allergies ou d’intolérances, alors que cette offre est jugée insuffisante par beaucoup d’autres Canadiens.

Pour le secteur des services alimentaires (restaurants), les résultats diffèrent. Seulement 27,7 % des gens sondés souffrant d’une affection croient que les menus indiquent correctement les allergènes. Par conséquent, 67,5 % des personnes ayant un problème de santé demanderont plus d’information sur les ingrédients à un serveur, un cuisinier ou un chef, et ce, de temps à autre, ou tout le temps. Néanmoins, 46,0 % des Canadiens ont fait une réaction au restaurant au moins une fois, et 25,5 % plus d’une fois. Les symptômes varient selon les cas.

Essentiellement, pour faire un choix sûr et éclairé, afin de rester en sécurité et d’éviter les réactions allergiques graves, les consommateurs doivent avoir accès à de l’information claire avant de consommer de la nourriture, peu importe si elle est livrée ou achetée en magasin. Savoir ce que les aliments contiennent est important pour tous les Canadiens, mais pour ceux qui souffrent d’une allergie alimentaire, c’est indispensable.

Les données démontrent que de nombreux Canadiens souffrent d’allergies et d’intolérances alimentaires, et que certains ajustements s’annoncent nécessaires. Alors que les épiciers devront penser à offrir plus de choix aux consommateurs souffrant d’allergies et d’intolérances, l’industrie de la restauration, déjà lourdement éprouvée par la pandémie, devra faire preuve de plus de transparence quant aux ingrédients utilisés pour les clients soucieux d’obtenir de l’information sur les mets servis en salle ou livrés à la maison. Selon un récent sondage réalisé par Angus Reid, 29 % des Canadiens commandent des aliments à livrer à domicile au moins une fois toutes les deux semaines. Il devient donc crucial que les consommateurs aient accès à une information précise et complète sur les ingrédients lorsqu’ils commandent en ligne ou par l’intermédiaire d’un service de livraison tiers.

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