En réponse à la chronique de Mario Girard, « Le poids du English-Montréal », publiée le 27 septembre

M. Girard, c’est avec une grande déception que nous avons pris connaissance, il y a quelques jours, de votre chronique « Le poids du English-Montréal ».

À la lecture, il nous paraît clair que vous agrémentez ce débat sensible d’un beau jugement de valeurs à l’égard de la communauté d’enfants et de parents de Dunrae Gardens (c’est-à-dire, une grande diversité de citoyens anglophones ET francophones).

Permettez-nous de commencer par rectifier un détail sémantique : le « terrain adjacent » auquel vous faites référence dans votre texte n’est pas un terrain vague sur lequel la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) est égoïstement assise, mais bien le terrain de jeux des enfants de l’école Dunrae Gardens.

Recadrons donc ce débat : il n’est pas question ici d’un combat sans merci entre les anglos et les francos de Mont-Royal avec comme arrière-fond les projets de loi 21 et 96 ; il est question ici d’une communauté de parents qui tentent de protéger le terrain de jeux de leurs enfants, instrumentalisé à des fins politiques.

Des stéréotypes qui divisent

Dans votre texte, vous décrétez que le résultat du conflit de la construction de cette quatrième école « risque d’être un baromètre quant à son ouverture (ou fermeture) d’esprit ». Devons-nous comprendre que le fait de s’opposer à un projet qui privera l’accès de nos enfants à leur espace vert serait un acte de fermeture d’esprit ?

Soyez-en rassuré, M. Girard : en tant que parents de jeunes enfants, nous sommes parmi les mieux placés pour comprendre l’importance de la construction de cette école et d’encourager cette importante réalisation. Il sera sans doute difficile pour vous de croire que les enfants francophones qui se voient privés d’espace, ce sont nos voisins, les amis de nos enfants, et même nos neveux et nièces. Il n’y a donc pas, comme vous le clamez, d’enjeux de coexistence entre une école primaire francophone et anglophone.

Il semblerait que ce soit plutôt vous qui fassiez preuve d’archaïsme quand vous discréditez les efforts de la communauté de Dunrae Gardens en utilisant l’argument de la polarisation linguistique.

Considérons toutes les options

Contrairement à ce que vous sous-entendez – à savoir que la CSEM fait obstruction à un projet qui, autrement, avance bon train avec la collaboration de toutes les parties prenantes –, la CSEM nous a confirmé n’avoir été sollicitée qu’une seule fois sur la question d’utiliser le terrain de jeux de Dunrae Gardens pour construire la quatrième école. De surcroît, aucune proposition officielle ne lui a été communiquée à ce sujet.

Bien informé que vous êtes, vous devez savoir qu’il existe d’autres options – par exemple, la reconversion de la synagogue Beth-El, qui est déjà adéquatement zonée, ou encore l’usage de terrains qui sont visés pour la construction de condos. Êtes-vous sincèrement convaincu que le prétendu terrain adjacent serait l’unique option viable sur tout le territoire de Mont-Royal pour construire une quatrième école primaire ? Nous n’en sommes pas si certains.

En conclusion, nous espérons que notre lettre vous encouragera à faire preuve d’un peu plus d’objectivité lorsqu’à l’avenir, vous documenterez les développements de ce projet. Nous souhaiterions également ne pas faire l’objet de caricatures ou de jugements stéréotypés, qui, en plus de la pression liée à la perte potentielle de notre cour d’école, constitue un stress de plus à gérer pour nos familles.

Nous le répétons : nous applaudissons et soutenons ardemment la construction d’une école supplémentaire pour les enfants francophones de Mont-Royal. Simplement, nous demandons que toutes les options soient sur la table, pas juste la cour d’école de nos enfants.

Réponse de Mario Girard

Chers parents, d’abord, il n’est nullement question de « terrain vague » dans ma chronique. Je sais très bien que ce terrain peut servir à la pratique des sports. Mais je sais aussi que les enfants de l’école Dunrae Gardens utilisent surtout l’espace situé en face de l’institution pour les périodes de récréation.

Je précise dans ma chronique que la municipalité est prête à revoir la vocation du parc Mohawk pour les sports.

Alors, pourquoi ce terrain n’accueillerait-il pas une nouvelle école francophone ? La situation dans laquelle se retrouvent actuellement les élèves des écoles surpeuplées est inacceptable.

Vous parlez de « toutes » les options. Sur un territoire restreint comme Mont-Royal, elles ne sont malheureusement pas nombreuses.

En terminant, je réitère la fiabilité de mes sources. Je me ferai un devoir de bien suivre l’avancement de ce dossier.

Mario Girard

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