Nous sommes des mairesses et des maires, et nous savons que les milieux de vie déterminent la qualité de vie de leurs habitants. Nous saluons donc l’élaboration pour le gouvernement du Québec d’une vision d’ensemble pour guider l’aménagement des villes et villages du Québec afin de faire face aux défis du XXIe siècle.

Les défis qui se présentent aux collectivités sont immenses.

Au cours des années à venir, on sait déjà que les municipalités du Québec devront investir des milliards de dollars pour faire face à la crise climatique. Il faudra agir de façon concertée. On l’a constaté lors des épisodes des inondations. La nature et les bouleversements qui la secouent n’ont que faire de nos limites administratives et nos décisions en matière d’aménagement ont bien souvent une portée beaucoup plus large que celle escomptée. La pandémie nous l’a, elle aussi, bien montré au cours de la dernière année et demie.

Tous s’entendent pour dire que le développement des milieux de vie devrait se faire dans le respect de la capacité des écosystèmes. Or, inverser la tendance lourde à l’empiètement urbain sur les milieux naturels et agricoles n’est pas une mince affaire.

Il est impératif d’ancrer le modèle de croissance dans la consolidation à proximité des services du quotidien. Cela suppose, notamment, de concentrer le développement dans des secteurs déjà urbanisés et de développer la mobilité durable. La consolidation doit, par ailleurs, être une occasion pour embellir et verdir les quartiers. Plusieurs municipalités ont déjà commencé à prendre ce virage ; d’autres doivent maintenant leur emboîter le pas ! Ce n’est qu’ainsi que leurs efforts porteront réellement fruit.

Il faudra revoir en profondeur nos pratiques. Pour y parvenir, la Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires attendue pour avril 2022 devra rapidement mettre en place de puissants incitatifs à la consolidation, notamment en matière d’écofiscalité. Il faudra faire preuve d’audace et récompenser les bons joueurs.

Innover ensemble pour placer les villes au cœur des solutions

La révision des pratiques d’urbanisme et d’aménagement doit également être l’occasion d’innover pour garantir l’accès à une habitation abordable et de qualité. En effet, la rareté du logement est intrinsèquement liée à la façon dont on planifie nos villes. Dans toutes les régions, ce manque est un problème réel qui affecte évidemment les personnes qui le vivent, en plus d’empirer la pénurie de main-d’œuvre. Bien que nous soyons déjà très actifs sur ces questions, le marché de l’habitation dépasse, lui aussi, les frontières locales et nécessitera des efforts concertés.

Nous souhaitons que le milieu municipal soit au cœur des solutions à ces grands défis de notre époque. Il faut bien sûr lui en donner les moyens budgétaires et légaux pour y parvenir. Or, à l’ère du numérique, le modèle de financement des municipalités basé essentiellement sur les taxes foncières est plus préoccupant que jamais.

Depuis longtemps déjà, on sait que cette trop grande dépendance aux revenus fonciers suscite une dynamique de nivellement par le bas pour attirer le développement immobilier. Mais de plus en plus, on constate que pour continuer à offrir les mêmes services aux citoyens, il faudra trouver de nouveaux moyens fiscaux qui permettront aux villes de bénéficier de la croissance de la nouvelle économie.

Avec le commerce en ligne, il importe également de tout mettre en place pour assurer la vitalité des artères commerciales, en particulier celles dans les centres-villes et noyaux villageois. Elles sont non seulement essentielles à la santé financière des villes, mais aussi à la qualité de vie des résidants. Les initiatives de revitalisation au cœur des villes et des villages se multiplient déjà, mais il nous faut un plan d’action national.

Priorité à la cohérence territoriale

Qu’il s’agisse de la lutte et de l’adaptation aux bouleversements climatiques, de la protection du territoire, de la pénurie de logement, de la vitalité des centres-villes ou de la nécessaire réforme de la fiscalité municipale, nous nous attendons à ce que la future Stratégie nationale mène rapidement à des actions fortes et à des règles communes. Chose certaine, bien qu’il soit essentiel de préserver l’autonomie et la capacité d’agir des gouvernements de proximité, la cohérence territoriale et la concertation doivent devenir prioritaires.

D’ici là, nous invitons toutes celles et tous ceux qui s’intéressent à l’avenir des villes et des villages du Québec à participer à la démarche de consultation actuellement menée par le ministère des Affaires municipales jusqu’au 17 septembre.

* Cosignataires : André Bellavance, maire de Victoriaville ; Maude Laberge, mairesse de Sainte-Martine ; Kathy Poulin, mairesse de Val-David ; Philippe Pagé, maire de Saint-Camille ; Marc-André Plante, maire de Terrebonne ; Alain Laplante, maire de Saint-Jean-sur-Richelieu ; Caryl Green, mairesse de Chelsea ; Régis Labeaume, maire de Québec ; Valérie Plante, mairesse de Montréal

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion