Je suis la mère de Nathalie Morin, Canadienne coincée en Arabie saoudite avec ses quatre enfants depuis maintenant 16 ans. Bientôt, cela fera 20 ans que Saeed Al Sharahni (alias Al Bishi) est arrivé au Canada, à partir des États-Unis, en septembre 2001. Cela fait donc maintenant 20 ans que le calvaire de Nathalie a commencé aux mains de cet homme qui se disait à l’époque étudiant à l’Université Concordia.

Depuis maintenant 16 ans, Nathalie est coincée dans ce pays sans possibilité de revenir avec ses enfants. Le gouvernement canadien refuse de négocier leur libération avec l’Arabie saoudite et Affaires mondiales Canada a maintenant décidé de m’exclure du dossier de ma fille sous prétexte qu’il est confidentiel.

Pourtant, tous les Canadiens à l’étranger ont accès à un soutien consulaire et peuvent autoriser leur famille et d’autres personnes de confiance à accéder à leur dossier pour plaider en leur nom. Nathalie m’a donné à plusieurs reprises ce consentement, mais Affaires mondiales Canada a choisi de l’ignorer.

* * *

En septembre 2001, Nathalie rencontrait Saeed Al Shahrani à Montréal. Mineure à l’époque, elle est rapidement tombée enceinte de cet homme qui, en réalité, travaillait pour le prince Nayef ben Abdelaziz Al Saud, ministre de l’Intérieur de l’Arabie saoudite.

Je n’ai pas de preuve absolue de ce que faisait Saeed Al Sharahni au service du prince Nayef, mais à cause de ses fonctions, lorsqu’il est retourné en Arabie saoudite en 2002, il a été mis sur une liste d’interdiction de voyager par son gouvernement.

Après quelques années, il convainc Nathalie d’aller le rejoindre avec son fils Samir. À l’époque, il croyait pouvoir se servir d’eux pour sortir d’Arabie.

Non seulement cela n’a pas fonctionné, mais maintenant, les quatre enfants sont aussi visés par une interdiction de voyager. Donc, mes quatre petits-enfants, âgés de 8 à 19 ans, tous Canadiens, ne peuvent pas sortir d’Arabie saoudite.

Les 30 avril et 24 mai derniers, j’ai écrit deux courriels à l’agente consulaire responsable du dossier de Nathalie. Le 25 mai, je recevais une réponse de sa part incluant une lettre de sa supérieure, directrice des cas consulaires à Affaires mondiales Canada. Cette lettre me disait que Nathalie ne désirait plus d’aide consulaire, et que le dossier était confidentiel. Ce même 25 mai, l’aîné de Nathalie, mon petit-fils Samir, était à Riyad pour demander de l’aide au gouvernement canadien. Samir veut rentrer au Canada. Il m’a contactée et je l’ai mis au courant de la lettre que je venais de recevoir. Ma fille m’a tout de suite contactée pour me dire qu’elle avait demandé l’aide politique à l’ambassade.

C’est le gouvernement saoudien qui a émis des interdictions de voyager sur les quatre enfants. Nathalie n’a aucun pouvoir pour faire lever ces sanctions qui viennent des hautes sphères de la hiérarchie saoudienne. Elle réclame donc au gouvernement canadien une intervention politique afin de négocier avec les autorités saoudiennes la levée des interdictions. Malheureusement, les agents consulaires interprètent cela comme un refus de recevoir de l’aide consulaire et m’excluent de son dossier.

J’en appelle au gouvernement canadien de négocier avec les autorités saoudiennes au plus haut niveau afin de faire lever l’interdiction de voyager imposée à mes petits-enfants. Nathalie a raison : c’est la seule chose à faire pour dénouer l’impasse. Même Saeed n’a plus son mot à dire. Il a d’ailleurs donné son accord pour que sa famille vienne au Canada.

* * *

Quand on prend le temps de lire la documentation en ligne sur l’engagement du Canada en matière de services consulaires, on peut lire ce qui suit : « Affaires mondiales Canada s’engage à offrir des services consulaires efficaces et efficients aux Canadiens dans le monde entier. Ces services se caractérisent par la sensibilité, l’empathie, la courtoisie, la rapidité, l’exactitude et l’équité. »

Les services consulaires offerts à ma fille depuis le début ont rarement été empreints de sensibilité, d’empathie, de courtoisie et d’équité. Il y a plutôt eu de la stigmatisation, du jugement, des commentaires dévalorisants, du mépris.

Nathalie est découragée et a du mal à contenir sa colère contre le gouvernement qui l’a laissée tomber et qui a choisi de l’abandonner à son sort. Je crois qu’on le serait tous à moins.

Présentement, nous n’avons plus d’ambassadeur en Arabie saoudite, ce qui évidemment n’aide pas le dossier de Nathalie.

Je demande donc aux quatre principaux partis fédéraux : que comptez-vous faire pour sortir Nathalie et ses enfants d’Arabie saoudite ?

Je le répète, Nathalie et ses quatre enfants sont Canadiens, avec certificat de naturalisation et passeport canadien.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion