(Kelowna, Colombie-Britannique) Les élections fédérales de 2021 ont été déclenchées pour un motif simple : obtenir un mandat majoritaire pour le gouvernement Trudeau. Toutefois, les sondages actuels sont loin de garantir un tel résultat pour le gouvernement sortant.

Pour obtenir un mandat majoritaire, il faut gagner 170 sièges aux Communes. Au moment d’écrire ces lignes, le site de CBC rapporte que les libéraux peuvent compter sur 34,4 % des appuis, ce qui devrait se convertir en 163 sièges1. Ils n’auraient que 37 % de chances d’obtenir une majorité.

De tels chiffres devraient préoccuper les stratèges libéraux. Dans un tel contexte, ils devront trouver où aller chercher les sièges nécessaires pour atteindre le chiffre magique de 170. Ils se tourneront alors vers les circonscriptions « prenables », c’est-à-dire celles avec une faible marge de victoire lors des précédentes élections. Pour ce premier billet, je propose donc de passer en revue certaines circonscriptions de la Colombie-Britannique qui seraient les plus susceptibles de contribuer à une majorité libérale si elles changeaient de main.

Des gains conservateurs en danger

Lors des élections fédérales de 2019, 21 circonscriptions en Colombie-Britannique ont été gagnées par 10 % d’écart ou moins2. Comme cette province compte en tout 42 circonscriptions fédérales, ceci revient à dire que la moitié de la Colombie-Britannique est constituée de circonscriptions « prenables ». C’est énorme.

Une autre chose remarquable est qu’à une exception près, toutes les circonscriptions qui ont changé de main en 2019 sont passées du côté conservateur.

Les conservateurs ont fait des gains aux dépens des libéraux dans les circonscriptions de Cloverdale Langley City, de South Surrey – White Rock, de Pitt Meadows – Maple Ridge et de Steveston – Richmond East. Ils ont aussi gagné la circonscription de Port Moody – Coquitlam aux mains du Nouveau Parti démocratique (NPD). Cette dynamique démontre que les conservateurs ont fait des gains importants en 2019, aux dépens des libéraux et du NPD. De tels gains ont certainement contribué à la perte du mandat majoritaire des libéraux en 2019. On peut s’attendre à ce qu’ils tentent de reprendre le contrôle de ces circonscriptions.

Le futur des verts

En ce moment, à la suite du départ de la députée autrefois verte Jenica Atwin qui a désormais rejoint le Parti libéral, il ne reste au Canada que deux députés verts, qui représentent tous les deux des circonscriptions de la Colombie-Britannique. L’un d’entre eux, Paul Manly, représente Nanaimo – Ladysmith, une circonscription qui a été remportée avec 6210 votes, soit 8,7 % du vote total. Les difficultés éprouvées par le Parti vert durant les six derniers mois risquent de nuire à la candidature de M. Manly. La décision de la cheffe des verts, Annamie Paul, de se concentrer sur sa campagne locale plutôt que de faire campagne à l’échelle du pays, pourrait aussi nuire aux chances de réélection de M. Manly. Toutefois, le deuxième candidat dans cette circonscription aux élections de 2019 était le candidat conservateur. Il est donc loin d’être acquis pour les libéraux qu’une éventuelle défaite des verts dans cette circonscription serait à leur avantage.

L’autre circonscription verte de Colombie-Britannique est Saanich – Gulf Islands, siège de la précédente cheffe du parti, Elizabeth May. Elle a remporté la victoire en 2019 avec plus de 29 % des voix d’avance sur son rival le plus proche. Bien qu’elle ne soit plus cheffe, elle se représente encore une fois en tant que députée, ce qui devrait assurer que la circonscription restera entre les mains du parti.

La bataille pour Vancouver – Granville

Plus haut, j’ai écrit qu’il y avait une exception à la règle selon laquelle les conservateurs avaient gagné toutes les circonscriptions qui ont changé de main par moins de 10 % en 2019. Cette exception est la circonscription de Vancouver – Granville, qui a été perdue par les libéraux et remportée par la candidate indépendante Jody Wilson-Raybould. Cette candidate, autrefois députée et ministre libérale, a claqué la porte du parti après l’affaire SNC-Lavalin. Les libéraux ont continué à bien performer dans la circonscription, et sont arrivés deuxièmes en 2019, six points de pourcentage derrière leur ancienne collègue. Il y a fort à parier qu’ils aimeraient récupérer ce siège perdu en 2019. Comme Mme Wilson-Raybould ne se présente pas lors des présentes élections, les libéraux ont de bonnes chances d’y parvenir.

Cette revue des sièges en jeu suggère que le Parti libéral du Canada peut surtout espérer faire des gains aux dépens du Parti conservateur, qui a gagné plusieurs nouveaux sièges par de petites marges en 2019. Des gains plus petits pourraient aussi être faits aux dépens des verts et dans la circonscription de Vancouver – Granville. En comparaison, les sièges détenus par le NPD semblent plus solides. Le NPD a gagné sept sièges avec moins de 10 % de marge en 2019 en Colombie-Britannique. Toutefois, tous ces sièges étaient déjà acquis au parti depuis 2015. Pour ravir des sièges au NPD, les libéraux devraient donc renverser une tendance datant de plus de six ans (et parfois plus), dans un contexte où le NPD obtient plus d’appui aujourd’hui qu’il y a deux ans. Ça paraît peu probable.

Rectificatif
Une version antérieure indiquait que la Colombie-Britannique comptait 87 circonscriptions fédérales. C’est inexact. La province de l’Ouest en compte plutôt 42. 87 est le nombre de circonscriptions provinciales. Nos excuses.

1. Consultez le site de CBC News 2. Consultez la liste complète des circonscriptions Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion