Alors que les cas de COVID-19 et les hospitalisations repartent à la hausse, que la vaccination est moins efficace qu’anticipé face au variant Delta, le gouvernement Legault doit-il envisager de nouvelles fermetures de commerces, l’imposition du télétravail, l’enseignement à distance, les interdictions de rassemblements, un couvre-feu et d’autres mesures de confinement ? En ce moment, il n’y a pas de réponse claire à cette question. Chose certaine cependant, l’imposition de mesures de confinement ne devrait plus être un automatisme, comme cela a été le cas lors des vagues précédentes.

Lorsqu’un problème aussi flagrant et pressant que le SRAS-CoV-2 apparaît sur l’écran radar, il est normal que les gouvernements le traitent d’une manière relativement étroite. En mars 2020, les médias montraient les hôpitaux débordés de pays où l’on recensait de nombreux cas de COVID-19 et des gens en mourir. Rapidement, la Santé publique s’est mise à répertorier les cas ici, ainsi que les hospitalisations et les décès. Face à une montée inéluctable des cas, le gouvernement québécois a rapidement imposé des mesures de confinement qui ont sans doute permis d’éviter le pire, bien qu’elles aient échoué à sauver la vie de nombreuses personnes. Et lorsque sont survenues les deuxième et troisième vagues, de nouveaux confinements ont été annoncés, comme allant de soi, apparaissant comme la solution naturelle au problème que représentait la hausse des cas et le fardeau qu’ils faisaient peser sur le système hospitalier.

Après une année et demie de confinement, déconfinement et reconfinement, il est temps d’aborder le problème du SRAS-CoV-2 à partir d’une lunette plus large. Les mesures de confinement ne représentent plus seulement une solution au problème du SRAS-CoV-2, elles sont devenues un problème. Le problème n’est plus uniquement la propagation du virus, c’est aussi les conséquences de nombreux mois de confinement.

Un confinement de quelques semaines est un désagrément, alors qu’un confinement de nombreux mois a des conséquences beaucoup plus profondes. À l’anxiété et la solitude, voire la détresse psychologique, qu’entraîne un confinement prolongé chez beaucoup de personnes, s’ajoutent de nombreuses autres conséquences.

Les confinements à répétition engendrent des problèmes économiques, dont la perte d’emplois et la fermeture de commerces, ils sont à l’origine de difficultés sur les plans de l’organisation et des relations de travail, ils vident les centres-villes, ils gâchent l’expérience scolaire des élèves et pourraient nuire à leur formation. Ils retardent aussi le traitement de patients qui ne sont pas atteints de la COVID-19.

Ces conséquences et bien d’autres sont moins bien mesurées que celles de la montée des cas de COVID-19 et elles sont parfois moins immédiates. Elles sont pourtant bien réelles et leur cumul, après des mois de confinement, pourrait être impressionnant. Cela dit, les problèmes moins visibles et moins immédiats ont tendance à être ignorés des gouvernements.

Il ne faudrait pas commettre cette erreur à l’aube d’une quatrième vague, qui ne sera peut-être pas la dernière. Cela ne signifie évidemment pas que toute mesure de confinement devrait être écartée d’emblée.

Cela signifie simplement qu’en plus d’être à l’écoute de la Santé publique, le gouvernement québécois devrait faire appel à des experts capables d’estimer les impacts des mesures de confinement.

Pour le conseiller, pour lui faire voir le problème sous un angle plus large que celui de la Santé publique et peut-être même pour l’accompagner en conférences de presse, le gouvernement Legault devrait se tourner vers une plus grande diversité d’experts qu’il ne semble l’avoir fait lors des vagues précédentes. Psychologues, psychoéducateurs, travailleurs sociaux, économistes, juristes, spécialistes en relations industrielles et en urbanisme, pour ne nommer que ceux-là, pourraient aider le gouvernement à mieux voir les multiples dimensions du problème engendré, à l’origine, par le SRAS-CoV-2.

Le gouvernement pourrait aussi s’adjoindre des experts des politiques publiques, qui comprennent bien que les solutions peuvent parfois devenir des problèmes.

Interagir avec ces gens pourrait aider le gouvernement à imaginer une approche face au virus moins dommageable qu’un confinement sévère.

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