Il paraît que Montréal se prépare à interdire 36 pesticides, dont le fameux glyphosate qui déchaîne tant les passions. Cette nouvelle très électoraliste a au moins le mérite d’être aux antipodes de ce que nous mijotait récemment le gouvernement Trudeau.

La valse des pieds dans les plats, à laquelle nous avons assisté ces dernières semaines autour d’une décision de Santé Canada sur le sujet, est à mon avis la parfaite recette pour nourrir les complotistes.

Alors que l’utilisation du glyphosate est critiquée sur la planète pour ses supposés effets délétères sur la santé humaine et celle des pollinisateurs, Santé Canada envisage de tripler la quantité utilisée dans certaines cultures.

C’est au fantastique travail de Thomas Gerbet que nous devons l’exhumation de cette odeur de putréfaction qui voulait certainement profiter de la rumeur électorale, mais surtout des vacances de la construction pour passer incognito. Plus dramatique encore, c’est le fait d’apprendre que l’Agence fédérale se basait sur des études fournies par l’industrie elle-même pour essayer de lui ouvrir toute grande la porte. C’est comme si les loups fournissaient les plans de construction d’une bergerie !

Comme si cette initiative n’était pas assez scandaleuse, quelques jours seulement après la révélation sur le glyphosate, on apprend encore que Santé Canada veut autoriser davantage de résidus d’autres pesticides et d’un fongicide dans les cultures de bleuets et de framboises. Une initiative que même les cultivateurs de petits fruits du Québec n’ont pas vue venir, eux qui cherchent plutôt à réduire l’utilisation de ces molécules dans leurs champs.

Quand le public a découvert que les libéraux jouaient les partitions de Bayer au sujet des limites du glyphosate, ils se sont fait huer copieusement. Comment chanter la pomme aux électeurs alors qu’on tient dans nos mains une grosse patate aussi chaude et explosive ? Il fallait vite changer d’air. Ainsi, au début du mois d’août, le gouvernement Trudeau nous annonçait qu’il allait finalement reculer sur la proposition. Les trois ténors des ministères de la Santé, de l’Agriculture et de l’Environnement ont même uni leur voix pour enterrer la controverse. Tous ont chanté en chœur qu’aucune augmentation des limites maximales de résidus de glyphosate n’aurait lieu avant au moins le printemps 2022. Mais pourquoi reporter le show au printemps 2022 ? Les groupes d’intérêts ont-ils des demandes spéciales que le chantre libéral, s’il est élu majoritaire, est prêt à faire raisonner ? Ce serait pousser la note un peu fort, mais… Voilà, à tort ou à raison, une question que beaucoup se posent et qui mérite d’être clarifiée maintenant. Avant de voter, on veut savoir ce que le gouvernement pense faire en 2022, mais aussi connaître la position des autres partis sur ce sujet qui est de la plus grande importance.

« Mais, Boucar, c’est quoi le lien entre cette bourde libérale et le complotisme », me demandez-vous ? Il se trouve que Santé Canada est aussi l’agence qui homologue les vaccins qu’on nous injecte dans le bras, et qui soulèvent bien des passions.

Ainsi, avec cette nébuleuse décision autour du glyphosate, comment voulez-vous convaincre un citoyen sceptique que l’homologation des vaccins s’est faite de façon transparente ? Comment voulez-vous le convaincre que la santé de la population a été au centre des décisions de cette agence pendant ces importantes prises de décisions ? Si on veut garder la confiance des citoyens, la porte entre Santé Canada et des groupes d’intérêts comme Bayer doit être des plus étanches. Autrement, les sceptiques seront de plus en plus nombreux à remâcher et à recracher tout ce qui s’y décide, comme ils le font avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, il faut le reconnaître, est profondément noyautée par les intérêts industriels et politiques. Cette promiscuité a nourri de nombreuses thèses complotistes autour de la pandémie, inutile de le rappeler.

Ce qui s’est passé dans le dossier du glyphosate à Santé Canada est malheureusement la recette parfaite pour renforcer le scepticisme ambiant autour des décisions scientifiques. C’est une bourde suffisamment préoccupante pour mériter d’être à l’ordre du jour pendant cette campagne électorale. Manger est un geste intime qui consiste à incorporer des particules étrangères dans notre corps. Alors, la confiance envers ceux qui garantissent l’innocuité de ce qui entre dans notre bouche devrait être sans faille.

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