L’auteur s’adresse à son député fédéral et premier ministre du Canada, Justin Trudeau

Plus que jamais, nos gouvernements sont interpellés pour prendre des mesures « draconiennes » afin d’atténuer notre empreinte carbone sur la planète ! « Alerte rouge pour l’humanité », déclarait le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à la suite du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendu public cette semaine. « Humans have pushed the climate into ‘unprecedented’ territory », titrait le Washington Post, et La Presse écrivait en manchette : « Il est minuit moins une ».

Qu’attendez-vous pour agir et contrer les décisions qui encouragent la prolifération d’émissions de gaz à effet de serre (GES) comme l’aide de votre gouvernement aux sociétés pétrolières de plus de 12 milliards de dollars juste pour l’année 2020 ! Ne constatez-vous pas que le naufrage climatique est à nos portes ou déjà présent : incendies, inondations, éboulis, fonte des glaciers font les manchettes quotidiennes.

Je réitère donc mon vœu pour que vous tendiez l’oreille aux membres de votre parti qui ont voté, en quatrième position sur 26 résolutions, lors de votre Congrès général d’avril dernier, de retenir le train à grande vitesse (TGV) pour favoriser un type de transport plus « vert » sur le corridor Québec-Windsor.

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Il ne faut pas revenir en arrière et financer un projet, le train à grande fréquence (TGF – train à grandes faiblesses, selon certains) qui ne répond pas aux impératifs d’un changement radical pour favoriser le transfert des usagers de l’avion et de l’auto vers le train à grande vitesse. Le temps est fondamental dans le choix, comme l’ont bien démontré les études de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) : ce ne sont pas des gains de 30 minutes sur le tronçon Montréal-Québec ou de 45 minutes sur celui de Montréal-Toronto qui vont modifier le comportement des voyageurs actuels ou potentiels (24 millions d’autos et plus de 4,5 millions de passagers aériens sur le corridor dont la population excède 20 millions de personnes, soit le troisième en affluence en Amérique du Nord). Seul le TGV va contribuer à réduire notre empreinte écologique.

L’investissement de ce projet, entre 20 et 24 milliards de dollars, vaut bien ceux consacrés aux sociétés pétrolières ou à leur acquisition depuis la dernière décennie, qui dépassent les 100 milliards.

Ne gaspillez pas 12 milliards sur un TGF mis de l’avant par votre gouvernement qui, sur le plan technologique, ne répond pas aux besoins pour de longues distances. Écoutez vos membres et non les lobbyistes, qui ont aussi conseillé aux quatre maires des principales villes du corridor d’appuyer tristement le TGF, sans étudier sérieusement l’option du TGV !

Démontrer votre sérieux face à l’urgence climatique, réitérée par le rapport de cette semaine du GIEC, commande aux acteurs politiques, incluant vous-même et les premiers ministres François Legault et Doug Ford, de « mettre vos culottes » et de favoriser un type de transport du XXIe siècle sur le corridor Québec-Windsor ! En 2011, un rapport conjoint Québec-Ontario-Ottawa avait conclu de la faisabilité d’un TGV, mais le fédéral, à la suite d’un lobbying intensif, s’est retiré, au grand dam de l’Ontario et du Québec, prêts à embarquer ! Corrigez cette erreur dès maintenant et mettez de l’avant des projets structurants comme le TGV pour contrer les effets néfastes des changements climatiques. Les générations futures vous en sauront gré.

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