L’itinérance est un mal que l’on constate dans les grandes villes du monde. Ne serait-ce qu’à Vancouver, où j’habite maintenant, ville canadienne où l’on constate une très grande croissance de l’itinérance depuis les années 1980. Au départ, il ne s’agissait que de quelques coins de rue ; maintenant, il s’agit d’un quartier entier à East Vancouver. Tout ça pour dire que ça n’a rien d’étrange et que ce phénomène augmente devant tant de disparités économiques. Mais qu’en est-il de tous les habitants concernés à Montréal ?

Reconnaissant la valeur de chaque vie, nous ne pouvons néanmoins laisser de côté ceux qui paient très cher la détérioration prononcée de leur qualité de vie ; les habitants des quartiers touchés à Montréal au centre-ville, s’il ne s’agit que de ceux-là.

Avoir le sentiment de vivre dans une poubelle, ça vous dit quelque chose ? Enjamber des corps le matin pour aller prendre l’autobus qui vous mènera au travail ? Quelquefois entrer par la porte arrière de l’immeuble, parce que celle du devant est inaccessible en raison des corps couchés de travers ? Ramasser au matin les déjections laissées la nuit dans le portique de votre immeuble ? Ne pas pouvoir marcher sur le trottoir devant votre demeure, parce que jonché de détritus et achalandé par des gens alignés ou assis ? Sentir les effluves d’alcool monter à votre fenêtre parce que les bouteilles fracassées jonchent la rue ? Soyons clairs, nous ne vivons pas un inconfort ; les résidants vivent un calvaire.

Les résidants du quartier Milton-Parc sont désespérés. Comprenez bien que les notions du vivre chez soi, de la vie privée et de l’inviolabilité de celle-ci sont fortement compromises. Vous n’êtes plus en paix.

La nuit, on se charge bien de vous le rappeler lorsque les équipes des service ambulanciers tentent de sauver la vie d’une personne en situation d’itinérance, couchée au milieu de la rue après avoir été happée par une voiture. Cette personne à laquelle je pense, elles n’ont pas pu la sauver, elle a succombé à ses blessures à l’automne 2020, à l’angle de la rue Milton et de l’avenue du Parc. Je vois maintenant que rien n’a changé depuis mon départ de Montréal. Alors, attention à ce cancer qui prend de l’ampleur.

Il ne s’agit pas que d’un quartier. Ce mal augmente au gré de l’enrichissement des uns par rapport aux autres dans les grandes villes. Ne culpabilisons pas. Agissons. D’abord, faisons de la pauvreté une lutte de tous les instants. Ensuite, ne banalisons plus son existence. Nous devrions nous y refuser. N’acceptons plus que les gens élisent domicile dans nos rues. Ce n’est pas acceptable, ni pour eux et ni pour nous. Finalement, que la gouvernance de proximité, soit la Ville, la plus près des résidants, prenne les choses en main et ne compte plus sur notre silence pour laisser aller les choses. Rappelons à la Ville que nous sommes tous citoyens égaux et que nous avons tous droit à la dignité. Les résidants de Milton-Parc qui voteront en novembre vous le demandent.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion