Tout au long de l’été, l’équipe éditoriale de La Presse part à la recherche de façons de réinventer la santé. Sur le site internet de la Fédération québécoise des coopératives de santé (FQCS)1 ont peut lire : « La Fédération québécoise des coopératives de santé représente 44 coopératives de santé réparties dans 14 régions administratives comptant chacune, en moyenne, 2000 membres à qui elles prodiguent des services de première ligne en santé, autant curatifs que préventifs. Ces services sont offerts par leurs 230 médecins omnipraticiens, leurs 115 infirmières et leurs dizaines de professionnels de la santé qui, ensemble, gèrent 280 000 dossiers médicaux. Elles sont exploitées à des fins non lucratives. »

On ne sait pas combien de ces coopératives sont effectivement financées comme un Groupe de médecine familiale (GMF), mais on comprend rapidement comment elles pourraient en devenir un.

Tout groupe de médecins qui souhaite adhérer au programme de financement des GMF du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) doit obtenir du ministre l’évaluation de son niveau d’admissibilité, basé sur le nombre et la catégorie de patients inscrits.

Étant donné que les médecins de famille ayant déjà des patients inscrits ont suffisamment de travail et n’ont pas le temps de s’investir dans la création d’un GMF, la probabilité que le gouvernement caquiste réalise son objectif d’inscrire 5 840 969 personnes dans un GMF2, soit 819 994 personnes de plus qu’en 2019-2020, est donc à peu près nulle.

De plus, le montant de l’aide accordée à un médecin de famille pour créer un GMF est un maximum de 20 heures à 100 $ l’heure, auquel s’ajoutent des frais de déplacement qui ne peuvent excéder 3000 $3. Or, il faut compter des centaines d’heures de travail et de multiples rencontres avec d’autres professionnels de la santé ainsi qu’avec les représentants de la Direction des groupes de médecine familiale du CISSS ou du CIUSSS concerné pour mettre en place un GMF, sans compter les heures qui doivent être consacrées au quotidien pour en assurer la gestion par la suite.

Le modèle GMF-Coop, comme assise valable, est pertinent parce qu’il est basé sur les principes de gouvernance définis dans la Loi sur les coopératives du Québec en vigueur :

« Une coopérative est une personne morale regroupant des personnes ou sociétés qui ont des besoins économiques, sociaux ou culturels communs et qui, en vue de les satisfaire, s’associent pour exploiter une entreprise conformément aux règles d’action coopérative4. »

Les coopératives sont des organismes sans but lucratif. L’esprit de la loi canadienne sur la santé est donc tout à fait respecté. Ce ne sont pas des entreprises privées comme aux États-Unis ; on ne fait pas d’argent sur le dos des malades.

Un minimum de cinq personnes (il n’y a pas de maximum) ayant des besoins communs et qui sont susceptibles d’en être les usagers peut demander la constitution d’une coopérative de santé. Comme dans le cas des Caisses populaires, les administrateurs de la coopérative de santé sont des bénévoles qui établissent les règlements de régie interne et qui engagent le personnel qui rendent les services professionnels, et ceux qui gèrent l’organisme au quotidien n’ont pas besoin d’être des médecins.

Quand on veut, on peut.

1. CONSULTEZ le site internet de la Fédération québécoise des coopératives de santé 2. LISEZ le plan stratégique du MSSS 3. LISEZ le Programme de financement et de soutien professionnel pour les groupes de médecine de famille 4. LISEZ la Loi sur les Coopératives du Québec Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion