L’affaire Logan Mailloux a fait couler beaucoup d’encre et c’est tant mieux. Ce choix est tellement grossier qu’il se doit d’être discuté sur la place publique. Le scandale dépasse les perméables frontières du sport professionnel et il est de notre responsabilité collective de réagir et de faire part de notre indignation.

Oui, notre société doit croire en la force de la seconde chance. Oui, nous devons croire que les gens peuvent – et doivent – s’améliorer et corriger des comportements et des mentalités qui heurtent profondément leurs concitoyens et concitoyennes. Mais cette deuxième chance repose sur un principe fondamental qui ne peut être éclipsé pour une quelconque performance sportive ou toute autre raison : cette seconde chance est méritoire. Celui qui la réclame doit prouver qu’il a fait tout en son pouvoir et même plus pour réparer son tort. On parle ici de justice réparatrice.

Logan Mailloux a eu un sursaut de morale et d’humanité en réclamant aux équipes de la Ligue nationale de hockey (LNH) de ne pas le repêcher cette année. C’était la seule décision à prendre dans les circonstances. Jouer dans la LNH n’est pas un droit, mais un privilège. Pourtant, l’organisation du Canadien de Montréal a décidé de faire autrement. Logan Mailloux entrera donc dans cette organisation par la grande porte alors qu’il fallait plutôt le laisser dans le vestiaire afin de lui laisser tout le temps nécessaire pour mener une sérieuse introspection à l’ombre du grand public.

Certes, le Canadien de Montréal a les moyens et les capacités d’encadrer son jeune joueur pour qu’il puisse faire ce cheminement. Psychologues, thérapeutes et professionnels de l’image seront à son chevet pour l’encadrer, le surveiller et l’accompagner dans son cheminement tout en bénéficiant d’une armée de spécialistes chargée de faire progresser sa carrière au hockey.

Cependant, il faut saisir le revers de la rondelle et se poser les questions suivantes : la victime de Logan Mailloux aura-t-elle accès au même soutien pourtant nécessaire ? Aura-t-elle droit à un accompagnement spécialisé et gratuit pour l’aider à panser son traumatisme ravivé par ce choix plus que douteux d’une organisation omniprésente ? Malheureusement, la réponse est non.

Et il est tout simplement incompréhensible de constater que ces questions n’ont pas pesé dans la balance morale et civique du Canadien. Il est tout autant scandaleux que l’organisation a fait ce choix en sachant tous les dommages que cela peut faire à cette courageuse femme ayant dénoncé son agresseur.

C’est exactement ce tragique constat qui aurait dû pousser le directeur général Marc Bergevin à repêcher un autre joueur. Ce n’est plus une question de hockey, mais une question d’humanité et d’équité. Encore ici, la victime est poussée dans les cordes, oubliée et négligée par une organisation ayant privilégié les performances sportives à son rôle social. Sans compter que ce choix fait en sorte qu’elle se trouve à la merci des commentaires haineux de lâches anonymes en cruel manque d’empathie.

Seul point positif de cette affaire : la réponse du public et de la sphère politique. C’est un certain soulagement de constater l’outrage du Québec face à ce choix et son empathie pour celle dont l’honneur fut si abjectement blessé. C’est encourageant de voir que nous avons collectivement eu une prise de conscience depuis #metoo/#moiaussi. C’est tout aussi encourageant de voir que même si la Sainte-Flanelle est si chère aux cœurs des Québécois, ils sont de tout cœur avec cette victime alors que nous faisons face à une épidémie de féminicides.

Les mentalités changent et c’est pour le mieux.

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