En réaction à la chronique de Marie-Eve Fournier, « Et si on ne magasinait plus le dimanche ? », publiée le 21 juillet

Dès le début de la crise sanitaire, nous nous sommes tous demandé : « Qu’adviendra-t-il du marché du travail après la pandémie ? » Plusieurs d’entre nous étaient convaincus que la COVID-19 amènerait des changements « irréversibles » dans nos milieux de travail.

Une chose est certaine, la pandémie est venue accentuer la pénurie de main-d’œuvre dans le commerce de détail. Les marchands tentent tous de s’adapter à ce phénomène qui n’est pas nouveau au Québec. Certains envisagent de réduire leurs heures d’ouverture. D’autres souhaiteraient même que le gouvernement québécois légifère pour que certains magasins, comme les quincailleries, soient fermés les dimanches.

Notre gouvernement doit intervenir en légiférant afin que toutes les entreprises soient sur un pied d’égalité et aient des heures d’ouverture similaires.

Les arguments évoqués pour légitimer cette avenue concernent notamment la compétitivité et la rentabilité des entreprises. D’un point de vue syndical, nous souhaitons nous assurer que cette discussion ait lieu tout en prenant en considération les possibles impacts des changements envisagés sur les conditions de vie et de travail des salariés concernés. En d’autres mots, laissons les travailleuses et les travailleurs du commerce de détail se prononcer sur cet enjeu.

D’ailleurs, la discussion est entamée depuis un certain temps déjà dans les magasins. Par exemple, il est vrai que bon nombre de nos membres syndiqués souhaitent avoir congé plus souvent les jours de fin de semaine.

Lutter contre la surcharge ?

D’autre part, il ne faut pas perdre de vue les autres problèmes découlant de la pénurie de main-d’œuvre comme la surcharge de travail qui pèse présentement sur les travailleurs. Certains salariés se demandent : est-ce que cette surcharge serait moins importante si les heures d’ouverture de nos magasins étaient réduites ? Dans ce cas, serions-nous suffisamment nombreuses et nombreux à travailler sur les quarts de travail restants ? Cela vaut la peine d’y réfléchir.

D’un autre côté, beaucoup de jeunes travailleurs comptent sur leurs heures travaillées les fins de semaine pour payer leurs factures et leur logement. Il n’y a donc pas de solutions miracles et il importe qu’aucun groupe de salariés ne soit mis à l’écart.

Nos membres dans les marchés d’alimentation et les quincailleries ont tenu le coup durant les trois premières vagues de la pandémie et feront de même si, malheureusement, d’autres vagues devaient suivre. En ce sens, il faut absolument trouver des solutions à la pénurie de main-d’œuvre afin de prendre en considération leurs intérêts.

PHOTO FOURNIE PAR ANTONIO FILATO

Une affiche que les TUAC Québec avaient produite dans les années 1990 pour militer contre les changements à la Loi sur les heures d’affaires des établissements commerciaux

J’ai personnellement commencé ma carrière dans l’alimentation en 1975 comme emballeur. À cette époque, les heures d’ouverture dans les magasins étaient moins étendues, les horaires de travail étaient plus stables et nos conditions de travail correspondaient davantage au service essentiel que nous fournissions à la population. Il est important de réfléchir à tous ces paramètres si on veut s'attaquer sérieusement à la problématique de la pénurie de main-d’œuvre. Les TUAC 500 et leurs membres tendent la main tant aux employeurs qu’au gouvernement du Québec afin de négocier des changements et de trouver des solutions qui profiteront à tous.

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