À plus d’une occasion, le Canada a fait part de sa profonde préoccupation à l’égard de la crise politique, économique et humanitaire au Venezuela, et s’est engagé à protéger les droits de la personne, ainsi qu’à aider les Vénézuéliens à trouver une solution à leur crise, en favorisant un retour pacifique à la démocratie.

Or, lorsqu’il s’agit de Cuba, le gouvernement canadien a toujours préféré rester silencieux, s’abstenant de prendre position sur les abus et les violations des droits et libertés qui s’y déroulent depuis des décennies.

Il y a quelques jours, le peuple cubain est descendu dans les rues de toutes les provinces du pays, réclamant la liberté et les droits de la personne ainsi qu’une transition démocratique. Au lieu de se mettre à l’écoute des demandes du peuple, le président de Cuba, qui n’a d’ailleurs pas été élu démocratiquement, a ordonné publiquement aux « révolutionnaires » de réprimer et de battre les manifestants pacifiques.

Les jeunes Cubains ne cessent de dénoncer le fait qu’ils sont quotidiennement recrutés de force dans leurs foyers. La police a mis des bâtons dans les mains de ces jeunes pour frapper les manifestants.

Il y a des images indubitables de la police frappant sans distinction, y compris des femmes et des enfants. Il existe des vidéos montrant les forces de l’État faisant irruption dans les maisons, enlevant et abattant des parents devant leur famille – comme dans le cas de Daniel Joel Cárdenas Díaz, qui a reçu trois balles devant sa femme et leur enfant le 13 juin.

Arrestation en direct

Plus de 200 personnes sont détenues ou ont disparu, dont des journalistes indépendants. Une youtubeuse – Dina Star – a été arrêtée alors qu’elle donnait une interview en direct à la télévision espagnole. Je pourrais continuer à évoquer les violations extrêmes des droits civils et politiques par le gouvernement cubain, mais les exemples évoqués précédemment suffisent à illustrer brièvement la situation actuelle de Cuba, qui traverse une crise politique, sociale, sanitaire et économique sans précédent.

Les Cubains rêvent de jouir des droits dont jouissent les Canadiens. Ils rêvent de pouvoir s’exprimer librement sans crainte d’être réprimés ; ils rêvent de pouvoir participer à la vie politique sans être emprisonnés lorsque leurs opinions diffèrent de celles du parti au pouvoir.

Les Cubains rêvent de vivre dans une démocratie, libres de l’intervention arbitraire des pouvoirs de l’État.

Les Canadiens d’origine cubaine s’identifient pleinement aux institutions publiques canadiennes, ainsi qu’aux valeurs et principes qui les soutiennent et les justifient. Nous aimons ce pays, parce qu’ici nous avons appris à vivre dans la liberté, la dignité et la démocratie. Non seulement nous aimons ses gens, qui nous ont accueillis si généreusement, mais nous avons aussi le sentiment d’en faire partie. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement du Canada d’écouter notre voix, de se montrer solidaire de la souffrance et du désespoir de nos familles à Cuba et, conformément à son engagement de contribuer au respect des droits de la personne dans le monde, de dénoncer systématiquement la répression du gouvernement cubain à l’égard de ses citoyens.

Il ne suffit pas, comme l’a fait le premier ministre Justin Trudeau, de souhaiter à Cuba plus de liberté, de paix et de stabilité. Il ne suffit même pas d’exprimer, comme il vient de le faire, son soutien au peuple cubain « qui demande et mérite la démocratie, la liberté et le respect ». Il est nécessaire que le gouvernement du Canada s’engage publiquement en faveur des droits de la personne du peuple cubain avec des actions concrètes.

En 2017, le Canada a annoncé des sanctions à l’encontre de 19 fonctionnaires vénézuéliens, responsables ou complices de graves violations des droits de la personne reconnues à l’échelle internationale. Le Canada vient tout juste d’annoncer l’imposition de sanctions individuelles à l’encontre de 15 hauts responsables du gouvernement du président Daniel Ortega, en réponse aux violations des droits de la personne au Nicaragua. Or, lorsqu’il s’agit de Cuba, le Canada se présente comme « l’un des principaux donateurs bilatéraux de Cuba » 1 et affirme entretenir « un solide dialogue avec le gouvernement cubain au sujet de ses priorités relatives au développement ». De cette manière, le Canada finance indirectement le système qui opprime le peuple cubain depuis des décennies.

Il est nécessaire que le Canada cesse de financer le régime de La Havane pour se joindre aux voix des gouvernements et des institutions internationales qui exigent une transition pacifique vers la démocratie à Cuba. Il est également nécessaire que le Canada se mette à l’écoute des Canadiens d’origine cubaine qui dénoncent les violations des droits de la personne à Cuba. Nous n’en attendons pas moins.

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