Au cours des derniers mois, il va sans dire que l’hôtellerie a vécu des moments difficiles. La fermeture des frontières, l’imposition d’un couvre-feu, l’interdiction de tenir des réunions et évènements ainsi que la fermeture des restaurants pendant de longs mois ont réduit à une peau de chagrin la demande pour des chambres d’hôtel.

Or, depuis quelques semaines, le vent semble tourner. Dans les régions d’abord, ensuite dans les centres urbains et, finalement, dans la métropole. Plusieurs diront qu’il était (grand) temps ! Bien que le taux d’occupation remonte lentement, on est encore loin d’un retour à la normale. Dans la métropole, le taux d’occupation se situait à 17 % en juin, alors qu’historiquement, il oscille plutôt autour de 90 %. On observe également un nouveau phénomène : les réservations se font au tout dernier moment, ce qui empêche toute possibilité de planification. Le manque complet de prévisibilité entourant la réouverture des frontières n’est pas non plus sans effet.

Toutefois, un nouveau nuage noir plane au-dessus de la tête des hôteliers. Il n’y a tout simplement plus d’employés disponibles pour servir les clients ! Et pourtant, cette situation était pour le moins prévisible. La pénurie de main-d’œuvre est une réalité avec laquelle l’industrie touristique doit composer depuis quelques années, particulièrement à Québec et en région. Montréal avait été jusqu’ici relativement épargné, principalement en raison de la présence sur son territoire de nombreux étudiants et de nouveaux arrivants.

En mars 2020, l’industrie a été forcée de mettre à pied la quasi-totalité de ses effectifs. Si certains ont bénéficié de la Prestation canadienne d’urgence (PCU), plusieurs se sont trouvé des emplois dans d’autres secteurs d’activité. Un récent sondage auprès des hôteliers de la métropole mené par l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM) permet d’estimer à 35 % la part des employés qui ne reviendront pas travailler en hôtellerie. Pour ceux qui souhaitent revenir, ils attendent d’avoir la certitude d’une réelle reprise du secteur avant d’abandonner leur emploi actuel. Il y a aussi un certain nombre d’employés qui préfère continuer de bénéficier des programmes de soutien du gouvernement fédéral tant que ceux-ci seront disponibles.

À Montréal, on estime à 30 % (15 % à Québec) la part du nombre de chambres qui ne peuvent présentement être mises en vente en raison du manque de personnel.

Après 18 mois d’occupation famélique, il semble inconcevable de devoir ainsi limiter l’offre et se priver de millions de dollars en revenus. Et pourtant, c’est ce qui se produit cet été dans bien des établissements, et ce, partout au Québec. Qui dit moins de chambres louées dit aussi moins de dépenses au restaurant et dans les boutiques, mais aussi moins de visiteurs dans les divers évènements et attractions. C’est toute l’économie du Québec qui s’en ressent !

Malheureusement, il n’y a pas de solution magique. C’est un ensemble d’éléments qui permettront de retrouver le chemin de la reprise économique. En voici quelques-uns qui s’adressent principalement au gouvernement fédéral :

  • Clarification des étapes à franchir qui permettront la réouverture des frontières
  • Prolongation de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) pour en assurer le maintien
  • Retrait de la prestation canadienne de la relance économique (PCRE) pour inciter un retour rapide au travail des salariés
  • Allègement des modalités du Programme des travailleurs étrangers temporaires pour le secteur de l’hôtellerie afin de permettre des délais et des coûts similaires à ceux du secteur agricole
  • Mise en place de mesures fiscales incitatives pour encourager le retour au travail des travailleurs expérimentés

Ces mesures ne sont que quelques exemples de moyens qui pourraient être mis en œuvre pour combler les besoins immédiats de personnel. Les réponses doivent toutefois venir rapidement dans la mesure où l’on souhaiterait être en mesure de suffire à la demande dès cet automne.

Le défi entourant la main-d’œuvre dans l’industrie ne se limite toutefois pas à quelques ajustements aux programmes existants. Il s’agit d’abord et avant tout d’un enjeu démographique. Une révision en profondeur des politiques et un rehaussement des seuils d’immigration en lien avec les besoins du marché de même que la mise en place de programmes incitatifs au travail sont les véritables clés qui permettront de résoudre cette impasse. Le salaire ne peut, d’aucune façon, constituer une barrière à l’immigration. Chaque maillon de la chaîne est également important pour la relance du secteur hôtelier.

Comme employeurs, nous avons aussi notre part de responsabilité ; nous devons faire davantage pour faire connaître les métiers de notre secteur d’activité. L’hôtellerie est un secteur passionnant où les perspectives de carrière sont excellentes et les conditions de travail, très enviables !

* Liste des cosignataires
Bertil Fabre, Le Centre Sheraton Montréal
Gilbert Lemieux, Domaine Château Bromont
Jean-Philip Dupré, Hôtel Escad Quartier DIX30
Linda Taub, Quality Suites Laval
Hussein Premji, Le Square Phillips Hôtel & Suites
Benoît Chaumont, Aloft Montréal Airport
Francis Huot, W Montréal
Marc Saunier, Hôtels Gault et Monville
Yvan Bailbled, Montréal Marriott Château  
Marc Pichot, Sofitel Montréal Le Carré Doré
Constantin Nassif, SageBlan investments
Marie-Josée Denis, StoneHaven Le Manoir
Stewart Rubin, Embassy Suites par Hilton Montréal
Mariana Sanchez, AC Montréal
Marriott Centre-ville
Steve Lavergne, Courtyard by Marriott Montréal Centre-ville
Ian Marceau, Renaissance Montréal Centre-Ville
Antoine Naoum, Château Vaudreuil
Sébastien Gagné, InterContinental Montréal
Louis Secondo, Rimap hospitality
Vivianne Charon, Hôtel le Roberval et
Hôtel les Suites Labelle
Emilie Bernard, Home2 Suites
par Hilton Montréal Dorval
Laura-Michèle Grenier Martin, Griffintown Hôtel
Jean-Yves et Christiane Germain, Germain Hôtels
Josée Lelièvre, Hôtel Ruby Foos
Eric Hamel, Vogue Hôtel Montréal Centre-Ville – Collection Curio par Hilton
Melody Lardin, Le St-Sulpice Hôtel Montréal
Joseph Klein, Sheraton Montréal Aéroport
Marjolaine de Sa, directrice générale de l’Association hôtelière de la région de Québec, et ses 23 co-signataires : Chantal Nadeau, Holiday Inn Express, Best Western Artistocrate, Hôtel Sépia
Dominique Lapointe, Hôtel Pur
Jonathan Hamel, Littoral Hôtel et Spa
Anthony L’Heureux, Four Points by Sheraton Lévis et Centre de congrès de Lévis
Brigitte Gauvin, Hôtel Château Bellevue
Colombe Bourque, Hôtel Musée Premières Nations
Eric Merlin, Les Lofts Erwan Franchet,
Hôtel Le Priori
Gina Cuglietta, Hilton Québec
Julien April, Entourage sur le Lac
Mireille Tardif, Delta Hotel Québec
Sarah Côté, Hôtel Le Germain Québec
Michelle Doré, Hôtel Champlain, Auberge Place d’Armes, Hôtel Jardin Ste-Anne,
Hôtel le C3-Art de Vivre
Manon Fortin, Hôtel le Concorde, Hôtel Ambassadeur, Hôtel Universel, Unilofts Grande-Allée, Unilofts Sainte-Foy, Repotel Henri IV, Repotel Duplesis, Hôtel Le Forestel
Alain April, Le Bonne Entente
Gilles Marier, Hôtel et Suites Normandin Québec, Hôtel et Suites Normandin Lévis, N Hôtel
Jean Audet, Grand Times Hôtel Aéroport, Grand Times Hôtel les Galeries, Grand Times Hôtel Drummondville, Grand Times Hôtel Sherbrooke, Grand Times Hôtel Laval et Hôtel Kennedy Lévis
Annie Robitaille, Les Hôtels Jaro
Guy Lombard, Auberge Saint-Antoine
Renée Gosselin, Hôtel Manoir Victoria
Aude Lafrance-Girard, Hôtel Château Laurier

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