Si l’histoire nous permet de mieux comprendre le présent, on réalise que l’immigration au Québec a pris graduellement son importance à partir de la Révolution tranquille. Cela s’est concrétisé en 1991 par une entente historique entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec. Celle-ci visait à donner plus de pouvoirs au Québec en matière de sélection des immigrants et lui octroyait davantage de ressources financières pour les accueillir et pour les intégrer. C’est à la suite du cuisant échec de l’accord du lac Meech en juin 1990, que cette entente, unique au Québec, pu enfin être ratifiée.

Bien qu’elle ait été accueillie positivement, les premiers ministres de l’époque, Brian Mulroney et Robert Bourassa auraient d’abord souhaité l’inclure dans l’accord constitutionnel du lac Meech. Les deux hommes politiques estimaient que l’immigration représentait un volet essentiel pour l’avenir du Québec.

Soucieux de maintenir son poids démographique au sein de la fédération canadienne, le gouvernement québécois désirait assumer davantage la responsabilité d’intégrer comme il le souhaitait les nouveaux arrivants. L’entente de 1991 a donc expressément stipulé qu’aucune modification ne pouvait y être apportée sans le consentement du Québec. Il va sans dire, un gain important.

Le potentiel de l’immigration

Bien au-delà des dispositions historiques et politiques associées à l’immigration, le facteur humain reste central. Ceux qui choisissent d’immigrer le font pour améliorer leur vie ou y réaliser leurs rêves. La pandémie nous a fourni récemment un bel exemple d’immigration réussie avec l’œuvre des créateurs du vaccin BioNTech-Pfizer.

Fondée en 2008 par un couple d’Allemands d’origine turque, l’entreprise de biotechnologie BioNTech se consacre au développement et à la fabrication d’immunothérapies actives. Son PDG et cofondateur, Uğur Şahin, a quitté sa Turquie natale avec ses parents pour s’installer à Cologne, en Allemagne. Après des études en médecine, il est allé travailler à Hambourg, où il a rencontré sa femme, Özlem Türeci. Née en Allemagne d’un père turc, Özlem Türeci est aujourd’hui médecin en chef et cofondatrice de BioNTech.

Leur histoire est loin d’être unique. Et elle témoigne du lien direct entre les possibilités d’intégration des immigrants et la qualité des occasions qui leur sont offertes.

Contribuer à la prospérité économique et sociale des nouveaux arrivants est une responsabilité qui nous incombe collectivement. Être sensible à leur statut migratoire est indispensable si l’on souhaite l’émergence de futurs bâtisseurs d’un Québec moderne et ouvert.

Des défis persistent

Si le Canada peut se targuer d’être une terre d’immigration, cela peut être remis en cause à tout moment. Par le manque de reconnaissance des diplômes ou des compétences, les immigrants se butent sans cesse à des obstacles imposés par leur société d’accueil. À terme, cette situation peut irrémédiablement limiter l’attractivité du Québec et l’ensemble du Canada auprès d’immigrants qualifiés, mais également pousser l’exode de cerveaux et exacerber les tensions sociales.

À l’heure actuelle, on note aussi que certaines sociétés occidentales ne favorisent pas l’élimination des stéréotypes ou des biais négatifs envers les immigrants et minorités visibles. Les décideurs politiques se doivent de répondre à ces dynamiques inhérentes et aux inégalités qui résultent de la conception et de la mise en œuvre de certaines politiques publiques, souvent peu adaptées aux réalités des nouveaux arrivants.

Bien que la pandémie crée de l’incertitude, elle offre l’occasion d’introduire de nouvelles réformes porteuses de justice et de progrès. Reconnaître que nous avons une part à jouer dans l’intégration des immigrants et entamer ce long processus de réflexion pourrait devenir un projet porteur pour le Québec, un réel projet de société.

Malgré l’engouement du Québec en faveur de l’immigration, nous constatons qu’il reste encore des barrières et des défis pour que les immigrants puissent se sentir pleinement chez eux. Cependant, nous restons sûrs que notre Québec possède les valeurs et la capacité pour relever ces défis et réaliser nos ambitions.

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