Lettre au premier ministre Legault à propos du déménagement du siège social de l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) à Saint-Hyacinthe

Lors de la dernière campagne électorale, la CAQ avait fait de l’éducation sa grande priorité. Puis est venue la pandémie, au cours de laquelle vous avez évoqué l’importance de l’autonomie alimentaire.

Depuis le regretté Jean Garon, on n’en avait à peu près jamais entendu parler.

À la suite de votre élection, vous nous avez assuré que tous vos députés devaient être à l’écoute de la population. J’espère que telle est toujours votre ligne directrice et que cela s’applique aussi à vous.

La première école d’agriculture au Canada a été créée à La Pocatière ; c’était également la deuxième école spécialisée en ce domaine dans toute l’Amérique du Nord. Depuis ce temps (1859), des centaines de cohortes d’étudiants, même de l’étranger, sont venues y quérir les outils et le savoir dans le domaine agricole et agroalimentaire. La Pocatière est devenue un véritable phare en agriculture et, comme un phare, il s’agit d’un puissant faisceau de lumière qui fait rayonner toute la région.

En éteignant délibérément les lumières, c’est un grand pan de la population que vous laissez dans le noir. Un coup comme celui-là ébranle la région et aura des retombées bien plus grandes que ce qu’on peut oser imaginer.

Lors de votre plaidoyer pour l’autonomie alimentaire, vous aviez l’air si sincère que j’ai cru, bien naïvement, que les bottines allaient suivre les babines. J’ai osé croire qu’enfin un gouvernement avait compris toute l’importance pour un peuple d’être en mesure de se suffire sur le plan alimentaire. J’ai même poussé cette naïveté jusqu’à penser que vous alliez nous aider à réaliser ce grand projet si légitime en investissant massivement les fonds nécessaires.

Bien au contraire, vous avez choisi de déménager en catimini la direction de l’ITAQ de La Pocatière vers la ville de Saint-Hyacinthe. Pourtant, monsieur Legault, la pandémie vous a fait la démonstration de toutes les conséquences néfastes des directions à distance déconnectées des réalités du terrain, de ces structures administratives où personne n’est imputable de quoi que ce soit. Vous êtes bien placé pour savoir que ça prend un pilote dans l’avion et que la tour de contrôle, bien qu’indispensable, ne pilote rien du tout.

Lorsque vous défendez les champs de compétences du Québec, vous le faites avec éloquence et l’on vous croit sur parole. J’aurais aimé vous parler de la grande qualité de nos professeurs, sur tous les plans, et de la grande histoire de nos établissements d’enseignement, ici à La Pocatière, car j’ai la conviction que l’agriculture n’est pas de compétence urbaine et que c’est un bien mauvais signal que vous envoyez à toute la région en retirant le centre décisionnel de l’ITAQ de La Pocatière.

Investissez au campus de La Pocatière, c’est ici et maintenant que cela doit se faire parce que nous avons toujours su prouver que nous étions, et sommes encore, tout simplement les meilleurs pour réaliser les ambitions d’une école d’agriculture nationale.

P.-S. – Je ne sais pas qui vous a si mal conseillé, mais si j’étais vous, je m’en méfierais. 

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