Le comportement de la nature est à ce point complexe qu’il n’est pas sûr qu’un jour nous réussissions à en percer les mystères. Ce qui s’est déjà produit dans le passé nous décrit des réels successifs, mais ne nous donne aucune lumière sur les possibles à venir. Même à travers ses formules mathématiques les plus complexes, l’humain ne peut rien savoir de ce qui l’attend vraiment.

Dans son Tractatus logico-philosophicus (Gallimard, 1961), Ludwig Wittgenstein dira d’ailleurs des vérités mathématiques qu’elles ne sont que « grammaticales », c’est-à-dire qu’elles ne sont que des règles arbitraires que l’on se donne pour satisfaire certaines de nos attentes au sujet de la nature. Tout système mathématique relèverait d’un ordre utilitariste que l’on impose en vue d’une fin précise : l’exploitation des ressources naturelles.

Dans le passé, c’était pourtant dans notre fascination devant la folle démesure de la nature que l’on a trouvé le plaisir de vivre de même que la motivation nécessaire à la recherche scientifique. Malheureusement, le type de survivance que l’on nous propose en cette post-pandémie, notamment à travers le discours écologiste récurrent, n’est qu’une façon de passer à travers une catastrophe d’origine naturelle ou environnementale, mais sans plus ! Pourtant, l’être vivant magnifique que nous sommes n’a certes pas à se limiter à sa simple survie.

Notre vie sur Terre est peut-être courte et risquée, mais cela devrait être d’autant plus un voyage extraordinaire d’exploration !

Rappelons qu’avec notre conscience, nous sommes l’expression du tout de l’univers versus le néant. Armés d’un tel privilège, nous aurions tort de nous limiter à survivre comme des bêtes. Éternellement jeune en son esprit, l’humain possède d’ailleurs une vitalité surprenante. Ce sentiment d’éternelle jeunesse le porte à s’amuser et à rigoler avec les siens. C’est ce qui s’appelle la joie de vivre ! Sans elle, il ne peut survivre bien longtemps.

Sachons toutefois que notre univers n’a pas besoin de nous pour exister. Aussi, nous resterons toujours l’éphémère et fragile miroir de la nature. Car malgré notre intelligence particulière, nous ne possédons aucun statut particulier parmi la masse de vivants qui nous environne.

Explosion démographique

Or, il y a actuellement environ 7,7 milliards d’humains sur la planète. On prévoit que d’ici 30 ans, il y en aura 9,7 milliards et, en l’an 2100, 11,2 milliards ! Grâce aux progrès médicaux notamment, l’explosion démographique atteindra des sommets incroyables.

Présentement, l’empreinte écologique excède d’environ 50 % les capacités de régénération de la Terre en absorption des déchets et en reproduction des ressources. Autrement dit, chaque année, l’humanité utilise l’équivalent d’une planète et demie. La Terre ne fournit plus et, à ce rythme, nous courons à notre perte.

Car cette augmentation de la population du globe nous mène à une concurrence sauvage où il s’agit de produire toujours plus, et cela, peu importe la quantité de matière utilisée. Un Nord-Américain possède une empreinte carbone 20 fois plus élevée que celle d’un Africain. Et 10 % de la population mondiale est responsable de 50 % des émissions toxiques. Jumelés au libéralisme économique, pareils déséquilibres condamnent l’humanité à une lente et pénible agonie.

Malheureusement, plus personne n’est là pour assurer une politique responsable sur notre planète. Ceux qui en auraient les moyens ou le pouvoir sont comme nous : ils sont trop occupés à défendre leurs intérêts économiques immédiats.

Le monde est présentement un navire sans gouvernail. Il nous faudrait à l’échelle mondiale des arbitres pour départager le savoir technologique et les richesses qui en découlent.

Il faut dire qu’une grande partie du problème auquel on fait face dans l’établissement de politiques environnementales mondiales vient de ce que le développement des pays est inégal. Les pays industrialisés parmi les plus puissants ont beaucoup à perdre en s’imposant des règles.

Nous faisons donc face à un défi de taille : assumer collectivement pour les années à venir les changements environnementaux provoqués par la donne du libéralisme économique mondial. Présentement, bien que plusieurs organismes internationaux humanitaires s’affairent à réparer les pots cassés et à pallier le pire (Amnistie internationale, Greenpeace, Médecins sans frontières, le Club de Rome, etc.), ceux-ci restent, vu la pauvreté relative de leurs moyens, toujours à l’écart des enjeux économiques en cours. C’est maintenant aux différents gouvernements nationaux d’assumer pleinement leur rôle.

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