En mars dernier, la firme Achievers de Toronto a publié le résultat d’un sondage auprès de 2000 travailleurs pour étudier leur niveau d’engagement envers leur employeur. Ils ont trouvé que le nombre de personnes qui étaient disposées à changer d’emploi était passé à 52 %, comparativement à 35 % dans les deux années précédant la pandémie. D’autres recherches ont montré que ce désengagement était plus prononcé chez ceux qui étaient passés en mode télétravail que pour ceux dont le métier les avait forcés à demeurer en mode présentiel.

Des facteurs psychologiques expliquent bien sûr ce désengagement. Après plus d’un an d’éloignement, beaucoup se sentent moins connectés à leur employeur et ont perdu ces liens amicaux avec des collègues qui contribuaient à leur satisfaction au travail. Il ne faudrait toutefois pas passer sous silence les efforts qui ont été consentis par de nombreux employés pour aider leur organisation à continuer à offrir des services dans une période de perturbations sans précédent. Bien des gens arrivent à l’été 2021 en se sentant épuisés.

Combien avons-nous vu de parents tenir courageusement le fort pour participer à des rencontres sur Zoom tout en s’occupant de l’éducation de leurs enfants ? Combien de professionnels et de gestionnaires avons-nous vus persévérer dans leur travail malgré un grand sentiment d’isolement ou tout en cherchant à aider des êtres chers avec leurs problèmes ?

Les travailleurs n’ont plus à subir le trafic pour se rendre au travail, mais la plupart ont en contrepartie augmenté leur nombre d’heures travaillées. Si notre société a continué à fonctionner depuis mars 2020, c’est grâce à la résilience et au dévouement de millions d’employés.

Depuis quelques mois, on voit plusieurs organisations qui créent de nouveaux programmes pour favoriser la santé mentale de leurs collaborateurs, ce que je trouve très souhaitable. Je crois toutefois qu’on devrait aller plus loin. Les employeurs sont des personnes morales, qui établissent des relations avec ceux qui y travaillent. Comme toutes les relations, celles-ci doivent être basées sur la réciprocité.

Dans les quarante dernières années, on a vu des employeurs privilégier de plus en plus les attentes de performance des actionnaires par rapport au bien-être de leurs employés, si bien que plusieurs sont devenus cyniques. En cette sortie de pandémie, est-ce que la reconnaissance des employeurs sera à la hauteur des sacrifices qui ont été faits par leurs travailleurs ? Je crains que les organisations qui chercheront à revenir comme avant sans se remettre en question ne fassent face à un tsunami de départs.

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