La récente révélation d’un cimetière d’enfants autochtones au pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, bouleverse nos cœurs de mères, de pères, de grands-parents et, plus universellement, de citoyens du monde.

Ayant perdu ma fille Gabrielle, décédée d’une leucémie à l’âge de 14 ans, il y a maintenant presque 30 ans, je pense à elle, même aujourd’hui, à chaque lever du jour. Je me souviens de ses jours heureux et de ses rêves de contribuer à un monde meilleur.

Aujourd’hui, je pense à ces parents autochtones et partage leur chagrin et leur profonde indignation. Comment des représentants de l’Église peuvent-ils en toute impunité avoir commis l’irréparable face à des enfants arrachés à leurs parents et leurs milieux et devant, sous le poids de l’autorité, renoncer à leur culture et la bannir de leur vie ? C’est révoltant et inhumain.

Comment des représentants de l’Église, qui nous sermonnent que nous devons toujours agir selon « ce qui est juste et bon », refusent de reconnaître les actions effroyables commises par leurs prédécesseurs et de demander pardon, d’abord et avant tout à la communauté autochtone, mais également à la société canadienne et québécoise qui leur a fait confiance ? Quelle image cela donne-t-il à notre société qui se veut ouverte, inclusive, tolérante ?

Je comprends bien qu’il y ait sûrement des enjeux de poursuites judiciaires à l’origine de ce refus.

Il y a toutefois des valeurs fondatrices que l’Église catholique nous convie de suivre et qui sont malheureusement ignorées ici. Je pense par exemple au respect, à la compassion et à l’amour de son prochain. Que ce prochain soit notre frère ou notre sœur ; qu’il soit comme nous, ou différent de nous.

Quelques mots d’une chanson très populaire de Patrick Bruel des années 1990, intitulée Qui a le droit, me reviennent à la mémoire :

Qui a le droit, qui a le droit / Qui a le droit d’faire ça / À un enfant / Qui croit vraiment / C’que disent les grands ?

Ma fille la fredonnait souvent, cherchant dans son cœur d’adolescente des réponses face à l’injustice qui la frappait, elle qui avait tant de projets et qui voulait simplement avoir la même chance que tous de les réaliser. Je la reprends donc à sa mémoire et pour toutes celles et tous ceux qui vivent cette indignation.

Au fond, je pourrais résumer ma pensée en quelques mots. Pourquoi notre Église qui nous enseigne l’amour et le pardon ne parvient-elle pas à agir selon son enseignement et à faire le seul geste honorable qui s’impose en ce moment : demander pardon pour le mal qui a été fait.

Pourquoi ? C’est une question toute simple que je me permets de soulever, ayant été moi-même formée avec le plus grand bonheur par une communauté religieuse qui a su m’enseigner non seulement le respect et l’amour de l’autre, mais aussi l’importance de vivre sa vie à la hauteur de ses principes.

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