Les négociations du secteur public sont dans leur phase finale. Pourtant, rien n’est prévu pour enrayer la saignée croissante des psys du système de santé et des écoles ! Aucun ajustement salarial, aucune solution pour retenir les psychologues dans le réseau public ni attirer de nouvelles recrues.

Une perte de 450 psychologues au cours de la dernière décennie de compressions et un manque estimé par le ministère de la Santé de 883 psychologues d’ici cinq ans, ce qui s’avère tout simplement catastrophique. Et pour comble, on prévoit une mesure spécifique pour les psys, soit d’augmenter leur semaine de travail à 40 heures.

C’est à se demander si la mesure n’est pas volontairement méchante. On voudrait faire fuir les psys, on ne pourrait mieux s’y prendre. En tout cas, c’est faire preuve de la plus haute ignorance quant à l’impact émotionnel du travail des psychologues dans le réseau public. C’est faire fi de l’impact majeur sur la santé mentale de ces travailleurs qui côtoient quotidiennement la détresse psychologique à son plus haut niveau, qu’on parle de pulsions suicidaires ou de tous les comportements autodestructeurs, sans compter toutes les difficultés propres à ce travail relationnel avec des personnes fragilisées et vulnérables aux prises avec des problèmes complexes.

Au-delà des aspects humains bien évidents, parlons finances. Car plusieurs préjugés défavorables courent en lien avec la présence des psychologues.

Les psys sont une denrée dont on pourrait facilement se passer, à ce qu’on entend dans la bouche de certains élus ou gestionnaires. Il n’est pas nécessaire de consulter un psy, bien d’autres professionnels peuvent être employés. Cette affirmation est complètement fausse pour une grande partie de la clientèle. Exprimer une telle affirmation est faire preuve de la plus haute méconnaissance de la gravité des problèmes de santé mentale rencontrés dans le réseau public. C’est mettre toutes les demandes de soins en santé mentale au même niveau, un niveau qui pourrait se contenter des autosoins : « Va voir sur l’internet, tu vas trouver les conseils appropriés ! » Ou encore, on te met en liste d’attente pour un groupe d’éducation psychologique. Ben oui ! Si c’était si simple que ça, nous n’aurions pas les proportions de détresse psychologique dont nous parlent les statistiques, davantage encore en temps de pandémie. Et ce qui était hautement prévisible a déjà commencé : les gens décrochent, ils ne donnent pas suite à une offre de services inappropriée.

Et pourtant, un psy n’est pas un luxe ! Au contraire, c’est un investissement très rentable. C’est au moins 10 % d’économie en frais de santé que les psychologues font réaliser, une fois leur salaire payé.

De nombreuses études démontrent que pour chaque dollar, un rendement de 2 à 17 $ découle des interventions de psychologues selon la complexité des profils !

Vous imaginez les sommes colossales économisées ! Faute d’accessibilité aux soins psychologiques, toutes ces personnes engorgent les bureaux de médecins, les urgences et entraînent même des frais d’hospitalisation, sans compter la hausse galopante des frais d’une médication que les patients négligent bien souvent de prendre. Tandis que les résultats des interventions psychologiques durent dans le temps et permettent de ramener les gens à un niveau fonctionnel.

Alors que les interventions des psychologues ont fait leurs preuves, on ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne tient pas compte de cette importante économie. On ne comprend pas pourquoi on continue à gaspiller les fonds publics alors que des solutions moins coûteuses sont disponibles. On ne comprend pas pourquoi on a saccagé un modèle d’intervention psychologique efficace qui avait cours il y a quelques décennies dans le réseau public. On ne comprend pas pourquoi nos syndicats ne défendent pas le droit à une rémunération proportionnelle au niveau d’études.

S’il vous plaît, que nos élus réagissent ! Si vous ne prenez pas en compte le facteur humain, tenez au moins compte des chiffres et faites faire des économies aux contribuables.

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