Il y a plus de 60 ans, ma mère a été hospitalisée pendant plusieurs semaines. Suivant son retour à la maison, mon père a reçu une facture avec la mention « solde net : zéro ». À l’époque, des organismes charitables couvraient les frais dans certains cas. Mon père aurait eu beaucoup de difficulté à honorer la facture réelle.

Avec la mise en place de l’assurance maladie, en 1970, tous les citoyens québécois bénéficiaient de cette situation : une personne hospitalisée recevait après son retour à la maison, une facture pour son séjour avec, à la fin, la mention « solde à payer : zéro ».

Vers les années 90 (je n’ai pas réussi à valider cette date), on a cessé d’envoyer ces factures. Il y a quelques années, j’avais demandé à Claude Castonguay le pourquoi de cette décision. Il m’avait parlé (sans trop de conviction, ce qui n’était pas son genre) du caractère privé des hospitalisations dont la facture pouvait risquer de tomber dans de mauvaises mains.

La sécurité des données est un sujet sensible, mais savoir ce que le système a payé pour vous est une méthode efficace d’apprécier cette assurance collective que nous possédons au Québec. Je vois bien le gouvernement québécois en faire état dans ses publicités : l’hospitalisation de madame X a coûté Z dollars ; celle de monsieur Y, trois fois plus. C’est une façon claire d’expliquer où vont nos impôts. C’est plus personnel que de parler en termes agrégés de milliards de dollars ou de pourcentage des dépenses que représente la santé dans les dépenses gouvernementales. Personne n’évite une hospitalisation au cours de sa vie.

Il y a 60 ans, on connaissait les coûts d’une hospitalisation, on s’attend à être en mesure de le faire en 2021.

Cette connaissance est fondamentale pour la bonne gestion des établissements hospitaliers ou tout autre établissement à cet égard. Il faut insister pour calculer tous les coûts. Malheureusement, dans la plupart des établissements hospitaliers, est exclu l’apport des médecins, des immobilisations et aussi des examens, du laboratoire et des professionnels. Il est évident qu’il faut identifier l’ensemble des coûts pour que ce soit utile et révélateur. Cette information permettrait des comparaisons entre établissements de même nature. Les employés dans les hôpitaux, incluant les médecins, manipulent des centaines de produits sans en connaître les coûts. Des affichages permettraient une meilleure attention de leur utilisation.

Il faut aussi regarder l’ensemble du système. Il existe fréquemment des situations où l’on garde des patients hospitalisés causées par un retour à la maison qui est mal planifié avec le CLSC qui assure les soins à domicile. Il en est de même dû au manque de places en CHSLD, en ressources intermédiaires ou en résidences privées pour personnes âgées. C’est une différence de coûts considérable. De façon générale, les hôpitaux utilisent le terme « niveau de soins alternatif » (NSA) pour désigner le statut des patients qui occupent un lit, mais qui ne nécessitent pas le niveau de services dispensés dans l’unité de soins où ils se trouvent.

Si la vie ou la santé n’a pas de prix, elle a un coût.

Soyons clairs, avec nos universités et nos collèges, le Québec s’est doté d’une expertise considérable dans le domaine de la santé. Une expertise exceptionnelle.

Informer la population sur les coûts associés aux hospitalisations permettrait d’obtenir une meilleure sensibilisation et reconnaissance des bénéfices associés à l’assurance publique. C’est une façon logique d’avoir une meilleure compréhension des défis financiers et d’améliorer l’efficacité du système.

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