Le rapport Parent, qui parlait alors d’Institut, a proposé un nouvel ordre d’enseignement, ajouté aux trois ordres existants : primaire, secondaire et universitaire. Il s’en est suivi la création d’un nouveau niveau, le cégep, par définition différent des niveaux qui le précèdent. Dans ce contexte nouveau, particulier au Québec, ce nouvel ordre d’enseignement constituait le premier degré de l’enseignement supérieur, c’est-à-dire universitaire.

D’aucuns, et non des moindres, faisant fi de la vision originale, ne ratent pas une occasion de faire de ce nouvel ordre une prolongation du secondaire. Une fois cette idée acquise, on a beau jeu de vouloir y appliquer ce qui est prévu pour ce niveau. Conclusion correcte, diraient les anciens, mais affirmation aussi fausse que les prémisses.

Personnellement, je préfère le franc discours de ceux qui proposent de repenser le tout en revenant à trois niveaux. Ça se discute, mais compte tenu du rôle des cégeps, particulièrement en région, je ne crois pas que cette solution soit socialement acceptable ; elle a toutefois l’avantage d’être clairement exprimée et mérite donc de faire partie du débat.

Aux nombreuses raisons invoquées pour remettre en cause ce nouveau niveau, on a récemment mis l’accent sur la dimension identitaire. Quelques années après avoir voulu faire de l’Université McGill une université française, au nom de la protection de la langue, bien sûr, on voudrait que la loi 101 s’applique au cégep. Lentement mais sûrement, maints ténors de la politique, sans parler de nombreux chroniqueurs et influenceurs, se rangent derrière l’argument identitaire, si prégnant par les temps qui courent.

Interdire à de jeunes adultes de choisir leur cheminement d’apprentissage après au moins 12 ans sur les bancs d’école, ça ne fera toujours qu’un empêchement de plus. Personne ne semble se demander ce que les premiers concernés en pensent puisque la cause est entendue par ceux qui pensent pour eux.

Beau cas de figure de la difficile conciliation entre les exigences de la liberté et celles de la sécurité, on peut se demander si la promotion de la langue française doit passer par l’ajout d’un interdit. Se pourrait-il qu’on fasse, au nom de la langue, autant de bêtises qu’on en a fait au nom de la liberté ?

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