À seulement quelques jours des États généraux de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), la Coalition pour le maintien d’un diplôme d’études collégiales (DEC) qualifiant en soins infirmiers sonne l’alarme. Formée en 2013, cette dernière s’assure de faire valoir la pertinence du DEC comme diplôme donnant accès à la profession infirmière de même que d’informer la population des avantages de cette formation.

Depuis déjà plus d’une décennie, l’Ordre tente, sans succès, de faire du baccalauréat la porte d’entrée à la profession infirmière. Alors que le diplôme collégial en soins infirmiers est offert dans plus de 45 cégeps dispersés sur l’ensemble du territoire, il est fort inquiétant de constater que ces états généraux pourraient remettre en question le DEC comme porte d’entrée à la profession infirmière.

Bien que l’OIIQ invoque que les besoins du patient sont plus complexes et que le diplôme collégial représente désormais un enjeu de protection du public, la Coalition n’est pas de cet avis et considère que ces allégations de l’ordre professionnel sont des perceptions qui n’ont jamais été validées par une véritable analyse de situation de travail. Le corps enseignant est proactif : l’enseignement des soins infirmiers évolue et s’adapte sans cesse. Néanmoins, tous s’accordent sur la nécessité de moderniser le devis national de formation en soins infirmiers afin de l’adapter aux nouveaux besoins de formation.

Toutefois, l’option proposée de modifier la porte d’entrée à la profession par l’imposition de l’obtention du diplôme universitaire démontre une incompréhension du besoin criant de professionnelles au Québec, notamment dans nos régions.

Alors que le système de santé québécois est en situation de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, la Coalition redoute les conséquences de l’imposition du baccalauréat en sciences infirmières. Qu’adviendra-t-il de l’accessibilité autant financière que géographique à la profession ? Comment le Québec pourrait-il s’assurer d’une juste répartition du personnel de santé entre nos régions si les études universitaires devenaient obligatoires ? Comment pallier l’aggravation du manque de main-d’œuvre ? Durant la pandémie, le Québec a fait appel, à plusieurs reprises, aux enseignantes et étudiantes collégiales en soins infirmiers pour venir prêter main-forte au réseau de la santé et des services sociaux ; tant notre personnel enseignant que la population étudiante ont fait leurs preuves.

Un risque contre-productif

Si nous voulons améliorer la qualité des services dispensés, on ne peut courir le risque de réduire considérablement le nombre déjà insuffisant d’infirmières. Cette voie est incohérente et contre-productive.

Constatant que plusieurs questions sont laissées sans réponses concrètes par l’Ordre, la Coalition souhaite réitérer, à quelques jours de l’instance de l’OIIQ et plus fortement que jamais, sa position en faveur d’un diplôme d’études collégiales qualifiant.

Le baccalauréat obligatoire représenterait une rupture de l’équilibre déjà précaire entre la demande de services et l’offre de main-d’œuvre.

La Coalition rappelle que des ententes de passerelles DEC-BAC existent et que celles-ci contribuent de façon satisfaisante à la spécialisation et à la diversification des apprentissages de plusieurs infirmières diplômées du collégial. Ce type de passerelle doit demeurer une bonification facultative de la formation initiale. C’est donc dire que le DEC en soins infirmiers, sous une forme modernisée, doit rester professionnalisant.

C’est pour toutes ces considérations que nous demandons à la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, de réaffirmer haut et fort que le DEC en soins infirmiers constitue bel et bien la porte d’entrée de la profession.

* Cosignataires, membres de la Coalition en soins infirmiers au collégial : Marlène McNicoll, présidente de l’Association des enseignantes et enseignants en soins infirmiers des collèges du Québec ; Yves de Repentigny, vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec — Confédération des syndicats nationaux (FNEEQ-CSN) et responsable du regroupement cégep ; Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignants de cégeps — Centrale des syndicats du Québec (FEC-CSQ)

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