En 1958, le Québec connaît sa première transplantation d’organe, celle d’un rein à l’hôpital Royal-Victoria de Montréal. Depuis, d’autres grandes premières ont eu lieu au Québec. La province a contribué à faire évoluer considérablement le don d’organes et à repousser les limites de la science.

D’ailleurs, Transplant Québec, mandaté par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour la coordination du processus et la promotion du don d’organes, souligne cette année ses 50 ans.

Étant donné notre rôle sur le terrain, nous souhaitons aujourd’hui joindre nos voix à celle de l’organisation et demander que le Québec enclenche une grande réflexion pour améliorer la pratique, l’organisation et la sensibilisation au don d’organes. Plusieurs pistes de solutions s’offrent à nous afin d’optimiser la façon dont nous faisons actuellement les choses pour demeurer un leader en la matière.

Il faut savoir que les patients qui peuvent devenir donneurs d’organes sont rares. Moins de 2 % de ceux qui décèdent à l’hôpital peuvent en effet sauver des vies. Nonobstant leur rareté, certains donneurs potentiels ne sont malheureusement pas identifiés dans les établissements de santé ni dirigés vers Transplant Québec.

L’optimisation du système obligatoire de référence et d’identification des donneurs potentiels devrait faire partie de la solution et être mise en place dans les hôpitaux, en plus d’avoir des professionnels de la santé qui se consacrent au don d’organes.

Il est également prouvé que la formation obligatoire du personnel de la santé dans le cadre du cursus scolaire ou en formation continue augmente l’efficacité du processus et le taux de réponse positive de la famille du défunt.

Le don d’organes est un moment chargé d’émotion pour la famille du donneur, alors que la méconnaissance de la volonté du défunt par ses proches est souvent la principale cause d’opposition au don d’organes. En 2020, 20 % des familles québécoises ont refusé le don d’organes malgré les volontés exprimées par écrit par leur proche décédé. Dans ce cadre, il est d’autant plus important que nous puissions avec nos collègues avoir en main tous les outils afin d’aborder avec doigté ce sujet délicat.

PHOTO MICHEL GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Les chirurgiens Gilles Lepage et Pierre Grondin, de l’Institut de cardiologie de Montréal, ont effectué la première greffe d’un cœur humain au Canada, le 31 mai 1968.

Finalement, exprimer ses volontés n’est pas chose facile actuellement. Si l’autocollant au verso de la carte d’assurance maladie reste un symbole fort du don d’organes, il existe en plus deux autres façons de faire connaître son consentement, soit par un registre géré par la Régie de l’assurance maladie du Québec et un autre géré par la Chambre des notaires du Québec. Le processus d’enregistrement de ses volontés doit être optimisé afin de simplifier l’identification des donneurs ainsi que le travail de nos équipes hospitalières et de Transplant Québec.

Ces changements ne sont que quelques exemples de mesures, inspirées des administrations les plus performantes, qui pourraient hausser significativement le taux de don d’organes au Québec et permettre à Transplant Québec d’assumer pleinement son mandat.

Une réflexion menant à l’adoption d’une loi spécifique et complète sur le don d’organes s’impose. Discuter collectivement du don d’organes au Québec, c’est nous donner les moyens, ensemble, de devenir un chef de file en don d’organes et ultimement, de sauver plus de vies.

* Cosignataires : Suzon Collette, directrice du programme de transplantation de l’HMR ; Catherine Girardin, directrice du programme de transplantation du CHUM ; Peter Goldberg, chef du service des soins intensifs du CUSM ; Isabelle Houde, directrice du programme de transplantation du CHU de Québec ; Marc-André Leclair, chef du service des soins intensifs du CIUSSS de l’Estrie – CHUS ; Jean-Francois Lizé, chef du service des soins intensifs du CHUM ; François Marquis, chef du service des soins intensifs de l’HMR ; Mélanie Masse, directrice du programme de transplantation du CIUSSS de l’Estrie – CHUS ; Peter Metrakos, directeur du programme de greffes multi-organes du CUSM de 2008 à 2020 ; Michel Paquet, directeur du programme québécois de don vivant de rein ; Jean-Francois Shields, chef du service des soins intensifs du CHU de Québec

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