Il ne fait aucun doute que le gouvernement du Québec est en train de gérer l’une des plus importantes campagnes de communication de son histoire, autant pour la durée que par la nature même des enjeux qui touchent toute la population. Il faut reconnaître que de façon globale, le gouvernement s’adapte rapidement en posant les bons gestes, quitte à changer rapidement de stratégie de communication en cours de route.

Bien entendu, cela donne quelquefois l’impression que le gouvernement joue au yoyo, comme certains le lui reprochent. Mais dans les faits, les communicateurs, les experts en santé publique et les élus savent qu’il faut adapter la stratégie de communication et les messages en fonction d’une situation qui évolue rapidement et de la capacité de la population de suivre les consignes.

Le gouvernement donne également l’impression d’être à l’écoute de la population. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre le premier ministre indiquer dans son point de presse qu’il a entendu ou lu des commentaires et qu’il souhaite y répondre personnellement. Cette communication bidirectionnelle par médias ou réseaux sociaux interposés est l’une des bases du succès des grandes campagnes de relations publiques qui ont une portée sociale.

La recherche d’une cohérence dans la communication est un exercice difficile, surtout pour une organisation de la taille d’un gouvernement.

Il faut non seulement arrimer le programme politique, mais gérer les nombreuses sorties médiatiques de l’opposition, des groupes d’experts et des médecins qui commentent les décisions gouvernementales. Si on rajoute à l’équation les nombreux ministères et organismes qui ont leurs propres considérations et enjeux organisationnels sanitaires, on peut facilement s’exposer à un chaos communicationnel. Mais de façon générale, la stratégie semble cohérente malgré quelques écueils ici et là.

Bref tout le monde semble aller dans la bonne direction. Tout le monde ? Non !

Cavalier seul

Le ministère de l’Enseignement supérieur semble avoir développé son propre plan de communication, distinct du reste de l’appareil étatique et de l’équipe gouvernementale.

L’étrange annonce de la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, mardi dernier, avait de quoi laisser perplexe. Alors que la population du Québec attend impatiemment que le premier ministre dévoile enfin à quoi ressemblera ce fameux « retour à une certaine normalité » après que la population aura été vaccinée, la ministre de l’Enseignement supérieur a pris les devants. Pour les cégépiens et les étudiants, rien ne changera d’ici Noël, a-t-elle annoncé.

Il était surprenant de l’entendre énumérer des consignes sanitaires immuables sur une si longue période.

Alors que tous les citoyens sont suspendus aux lèvres du trio santé à chaque point de presse pour connaître ce qui changera, l’affaire semble entendue pour les jeunes adultes aux études postsecondaires.

La moitié d’entre eux qui auront la chance de retourner en classe en septembre devront porter leurs masques jusqu’au mois de décembre. Les autres devront rester dans leur chambre pour suivre leurs cours à distance.

Quand on sait que la Santé publique hésite à prendre position sur une si longue période (les exercices de modélisation des courbes de l’INSPQ ne dépassent pas le mois de juillet sur le site), on peut se demander si ces experts ont vraiment étudié le cas des cégeps et des universités. Le seul assouplissement accordé par la Santé publique consiste à permettre que les pupitres puissent être rapprochés de 50 centimètres dans les classes par rapport à ce qui est permis ce printemps. Ça ressemble plus à une décision prise à la va-vite un vendredi après-midi. Même la plus grande capacité de ventilation des classes des cégeps et des universités ne semble même pas faire partie de l’équation.

Le danger d’une telle annonce est l’effet collatéral qu’elle risque de produire dans le reste de la population. Si on annonce, quatre mois avant la rentrée de l’automne, que de jeunes adultes – qui seront vaccinés et qui sont au sommet de leur forme physique – seront encore confinés dans leur chambre ou devront porter un masque en classe jusqu’à Noël, qu’est-ce qui attend le reste de la population ?

Ces milliers de jeunes des cégeps et des universités peuvent au moins être rassurés. Ceux et celles qui ont été découragés par cette annonce auront aussi appris qu’ils auront plus facilement accès à un psychologue.

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