Quatre ans après l’adoption de la politique étrangère féministe du Canada, cette dernière reste encore très peu connue du public. Le 18 février dernier a eu lieu une réunion informelle entre les six États pratiquant une politique étrangère féministe : la Suède, la France, l’Espagne, le Mexique, le Luxembourg et le Canada.

Cependant, aucune information n’est ressortie de cette réunion et aucun média n’a couvert l’évènement. Encore une fois, les droits des femmes passent sous silence. Sans médiatisation ni organisation concrètes, ces réunions semblent vides de sens. Le rassemblement de ces États dans un groupe international formel est essentiel.

Les femmes encore au second plan

Les inégalités des genres ne sont pas nouvelles, les femmes en subissent depuis des années et ces inégalités se sont d’autant plus accentuées avec la crise sanitaire. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a notamment expliqué que les femmes étaient plus durement impactées par cette pandémie, sur le plan économique, mais également sur le plan des violences domestiques qui se sont aggravées durant cette période. L’ONU a ainsi réclamé que les gouvernements placent les femmes et les filles au cœur de leurs plans d’action et de lutte contre la COVID-19.

Néanmoins, ce n’est pas toujours un des sujets traités en priorité par les gouvernements au milieu d’une crise sanitaire. Les femmes repassent ainsi au second plan alors que c’est en pleine crise que l’aide internationale féministe devrait redoubler d’efforts. Tout cela laisse penser que la politique étrangère féministe n’est pas encore assez efficace.

Pourtant, on sait que la participation des femmes, notamment au processus de consolidation de la paix, est cruciale puisqu’elle augmente de 35 % la probabilité qu’un accord de paix dure au moins 15 ans.

Pour une meilleure efficacité, il faudrait formaliser les réunions entre les États possédant une politique étrangère féministe.

Les politiques étrangères féministes manquent parfois de cohérence. Alors que la Suède a déjà publié son livre blanc sur la politique étrangère féministe, d’autres pays sont encore à la traîne comme le Canada ou l’Espagne, qui n’en sont qu’au début du processus. Certains États n’ont même pas mis à jour leur plan d’action national Femmes, paix et sécurité. Un regroupement formel de ces pays permettrait une transparence des politiques et des objectifs, une plus grande coordination des actions et cela aurait un effet boule de neige avec les pays qui s’intéressent au sujet. Ce groupe donnerait aussi la parole à la société civile pour la comprendre afin de mieux l’inclure.

Aujourd’hui, de nombreuses avancées restent à faire, comme la rédaction d’un texte définissant une vision commune de la politique étrangère féministe ou encore des discussions autour des obstacles et des réussites liés à ces politiques.

Une réunion difficile, mais nécessaire

L’idéal serait de voir en finalité tous les États du monde adopter une politique étrangère féministe. Toutefois, dans un monde où des pays considèrent de moins en moins les droits des femmes, il semble difficile de faire adhérer tout le monde à la cause féministe. C’est le cas notamment de la Turquie, qui a récemment quitté la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes. De plus, la création de groupes comme le G7 ou le G20 a été vivement critiquée pour son coût exorbitant, il est donc évident qu’un groupe « féministe 6 » recevrait les mêmes critiques, voire plus au vu de sa nature féministe controversée.

Une chose reste certaine, l’investissement dans l’amélioration de la condition des femmes ne devrait pas avoir de prix et les retombées sociales dans le long terme sont inestimables.

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