Il est loin le temps où les gens sortaient sur le balcon le soir pour applaudir les professionnels de la santé…

Pourtant, depuis, on continue le travail acharné. On est là pour offrir à la population des soins de qualité. Malgré tout.

Comme tous les travailleurs, on est isolés. On travaille seuls dans notre bureau. On fait face à la détresse morale de plus en plus criante de nos patients, seuls. On mange seuls. On est toujours seuls, seuls, seuls.

Je sais que c’est immensément difficile pour tous les milieux de travail. Il faut sans arrêt s’adapter et, dans ce contexte si lourd, on est tous un peu moins efficaces, un peu moins organisés, un peu plus inquiets pour nos enfants, nos parents et nos amis…

Nos patients ne vont plus si bien, nos médecins ne vont plus si bien, nos professionnels de la santé sont doucement en train de s’éteindre. Ils ont perdu cette étincelle qui allumait la passion qu’ils avaient pour leur travail.

Moi, je me sens seule. Chaque jour. Je suis pourtant très entourée de collègues à l’écoute. Mais trop souvent, la solitude me serre le cœur. C’est comme une prison dans laquelle je me noie.

Que va-t-il arriver aux plus fragiles d’entre nous après ça ? Que vont devenir nos bambins, nos enfants, nos ados ? Après plus d’un an à vivre des restrictions aussi difficiles, comment allons-nous faire pour passer au travers ?

Je sais bien, que vous vous êtes tannés d’aller applaudir au balcon le soir. Je sais bien que nous sommes tous des héros, quel que soit notre métier. Mais si aujourd’hui avec ton masque et à deux mètres de distance, tu croises un humain et que sa petite flamme brille un peu moins… tu peux lui dire un mot simple et qui donne du courage : merci. Merci d’être là. Merci de me donner ce service malgré tout ce contexte pandémique. Merci.

Une seule journée à la fois…

* Gwendoline Duchaine est l’auteure du livre De l’autre côté, et auteure collaboratrice de Ma famille Mon chaos

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