À la troisième vague, notre famille a pris un bouillon. Le virus s’est infiltré par l’école de l’ado, puis nous avons coulé les uns après les autres : moi, son père, son frère et sa sœur.

Courbatures qui donnent l’impression que notre corps casse de l’intérieur, fièvre, toux, maux de tête, perte de goût, essoufflement et fatigue, beaucoup de fatigue. Quand ne rien faire devient épuisant… On est pris dans le bouillon, on sort la tête de temps à autre pour une bouffée d’air puis on replonge. Le virus est insidieux, les symptômes vont et viennent. La peur des complications nous habite.

Pendant ce temps, sur la plage, les gens se demandent pourquoi rester loin les uns des autres, pourquoi rentrer tôt, pourquoi ainsi se brimer, se masquer. La vision est tout autre, pris sous la vague… un souffle à la fois, une heure à la fois.

Les jours passent, les enfants vont mieux, l’ado aussi, il retrouve le goût, l’odorat. Il se demande toutefois quand il arrivera à nouveau à courir, voire à marcher, sans être essoufflé, quand ses jambes retrouveront leur aplomb. Les parents, eux, sont toujours en pleine mer, hors du temps, ayant hâte de s’échouer enfin sur la grève.

Du rivage, il est peut-être difficile pour certains de comprendre l’importance de se tenir loin de cette vague, d’éviter un tsunami.

De savoir si se priver de certaines libertés et de se faire vacciner vaut la peine. Pour ceux qui ont passé un temps sous l’eau et pour ceux dont les proches ont été emportés au large, c’est clair : ce virus n’est pas « juste une grippe » et il faut se tenir les coudes collectivement pour ne pas laisser les autres s’y noyer.

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