L’auteur s’adresse à la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel

Les gens de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) nous rappellent que la dernière convention collective des enseignantes et enseignants du Québec est échue depuis plus de 370 jours. Dans le contexte actuel de crise, c’est à la fois inéquitable et inadmissible. Cette situation intolérable a assez duré. Il faut régler, et ce, d’une manière qui ne soit pas au détriment de la condition enseignante. Et voici pourquoi.

Depuis le début de la pandémie, peu ou pas de métiers ont été autant sollicités que celui des enseignants du primaire et du secondaire, tant sur le plan intellectuel que social, psychologique et physique. Il y a peu de gens de métiers à qui on a autant demandé de faire preuve tout à la fois d’inventivité, de créativité, d’adaptitude (néologisme avoué) et de souplesse que le personnel enseignant de première ligne.

En temps normal, on demande déjà beaucoup à ces gens. Ils sont les passeurs de la continuité harmonieuse et de la pérennité sociale, culturelle et économique du Québec. Ce qui mériterait déjà une considération sociale beaucoup relevée que celle qui prévaut actuellement. Dans les circonstances actuelles, il est d’autant plus irresponsable de laisser languir une telle négociation que le Québec traverse en ce moment une crise qui requiert un effort surhumain, voire héroïque par moments, de la part de ces gens à qui on demande en même temps de participer à la reprise, de préparer la relève et d’assurer que celle-ci sortira indemne de cette crise.

Croyez-vous vraiment pouvoir continuer à exiger d’eux et d’elles ces efforts surhumains sans leur accorder des conditions de travail et de vie correspondant à ce qu’ils représentent pour l’avenir du Québec ? J’en appelle à votre bon jugement et à votre sens de l’équité.

Dans ces circonstances exceptionnelles, quittez le cadre de la négociation conçue comme un rapport de force dont il sortira un vainqueur et un vaincu. Une fois n’est pas coutume. Profitez de ces circonstances exceptionnelles pour vous asseoir avec eux et convenir de ce qui pourrait et devrait être la convention collective de la reconnaissance.

On ne demande pas au gouvernement d’être généreux, encore moins d’être magnanime pour se faire un capital politique. On lui demande simplement d’adopter sans délai une série de mesures qui témoignent de la reconnaissance du Québec envers les enseignantes et enseignants pour tout ce qu’ils ont fait, font et feront. Cela suffirait à relever d’un seul coup la condition enseignante au niveau où elle devrait être depuis longtemps.

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