En réponse au texte de de Michael D. Pener, « Projet éolien Apuiat : de l’oubli à l’avenir », publié le 22 mars

C’est avec un intérêt marqué que nous avons lu la lettre de Michael D. Penner publiée dans La Presse du 22 mars intitulée « De l’oubli à l’avenir ». En tant que bras de développement économique des trois communautés mi’gmaq de la Gaspésie, soit Gespeg, Gesgapegiag et Listuguj, constater la réussite et le succès des Innus et du projet Apuiat ne peut que nous rendre fiers et heureux.

Toutefois, nous devons souligner l’ironie du titre de M. Penner, car en faisant l’éloge mérité du projet nord-côtier, lui aussi, passe sous silence la réelle première fois que « des autochtones sont promoteurs d’un projet de développement énergétique sur leur territoire. […] un authentique partenariat. Un projet pensé et conçu conjointement ».

Mesgi’g Ugju’s’n, le grand oublié…

En effet, le projet Apuiat n’est pas le premier projet où des autochtones sont promoteurs de développement énergétique sur leur territoire au Québec, car il s’inscrit plutôt dans le sillage du projet Mesgi’g Ugju’s’n, mis en service en 2016 en Gaspésie.

Signifiant « Grand vent » en langue mi’gmaq, Mesgi’g Ugju’s’n est un parc de 47 éoliennes issu de la volonté de nos trois communautés de récupérer leur part du développement éolien en Gaspésie.

Dès 2009, nos leaders mi’gmaq ont lancé le projet, auquel ils ont ajouté le partenaire Innergex énergie renouvelable en 2012. En mai 2013, le gouvernement du Québec nous a octroyé un bloc de 150 MW d’énergie éolienne et un contrat d’achat d’électricité a été signé avec Hydro-Québec en 2014. Représentant un investissement total de plus de 330 millions de dollars, Mesgi’g Ugju’s’n a été mis en service fin 2016 et produit chaque année de l’électricité pour 30 000 foyers.

Ce projet, malgré qu’il soit un « oublié » de M. Penner, a été une réussite des plus complètes pour nos communautés ainsi que pour l’ensemble des Québécois. Réalisé dans le plus grand respect de nos valeurs et de nos traditions, le projet a été si bien planifié qu’il a permis à plus de 100 membres de nos communautés de recevoir à l’avance la formation appropriée pour participer à la construction du projet. Plus du tiers des travailleurs embauchés lors de la phase de construction était issu des peuples autochtones. Le parc est détenu par nos communautés à 50 % et permettra des retombées de plus de 200 millions sur 20 ans.

Mesgi’g Ugju’s’n a été un succès pour lequel nous avons gagné de nombreux prix et reconnaissances, notamment pour l’acceptabilité sociale obtenue par le projet.

En 2018, l’Association canadienne de l’énergie éolienne (CanWEA) a souligné l’excellence du parc éolien Mesgi’g Ugju’s’n en lui remettant le premier prix dans la catégorie Projet éolien.

Nous avons à cœur de partager nos expériences, de faire connaître notre histoire et sommes toujours heureux lorsque d’autres communautés développent des projets, comme les Inuits construisant actuellement le projet hydroélectrique Innavik à Inukjuak.

Nous croyons en un développement durable qui nous donne, en tant qu’autochtones, les leviers de notre développement social et économique tout en faisant notre part pour protéger notre planète. C’est pourquoi nous avons porté ce projet depuis des années et sommes fiers qu’il fasse des émules. Nous saluons la démarche des Innus et leur souhaitons que leur projet soit tout aussi fructueux que le nôtre.

> (Re)lisez « Projet éolien Apuiat : de l’oubli à l’avenir »

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