En marge de la pandémie de COVID-19, depuis un an, l’épidémie silencieuse des violences envers les femmes a fait 12 victimes au Québec jusqu’à ce jour, dont sept en l’espace de sept semaines en 2021.

Ces meurtres de femmes, tuées parce qu’elles sont des femmes, sont des féminicides. Le meurtre d’une femme est qualifié de féminicide quand il résulte d’un continuum de violences et de terreurs, incluant un éventail d’abus verbaux et physiques, et s’exerçant spécifiquement contre elle en raison de son sexe. Il serait donc important que le terme « féminicide » fasse l’objet d’une reconnaissance gouvernementale dans les lois, politiques et plans d’action en matière de violences envers les femmes.

PDF Québec demande de mettre en place un Observatoire sur les féminicides au Québec, au même titre que l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation (OCFJR). Celui-ci vient de rendre son troisième rapport annuel : Comprendre les meurtres de femmes et de filles liés au sexe et au genre au Canada en 2020.

Ainsi, 160 femmes et filles ont été tuées au Canada en 2020, et la majorité de ces drames impliquait un accusé de sexe masculin. Le rapport souligne aussi l’importance d’utiliser le terme « féminicide » (ou femicide en anglais) plutôt qu’homicide.

Selon l’OCFJR, le terme « féminicide » est de plus en plus reconnu comme une violation globale, répandue et persistante des droits de la personne. La façon dont les États-nations ou les gouvernements répondent au féminicide est devenue un axe prioritaire d’attention internationale, car aucun pays n’est exempt de ce type de violence. Les réponses inadéquates de l’État et l’impunité incessante de plusieurs auteurs de ces meurtres ont été soulignées.

Le Canada ne fait pas exception. Une femme ou une fille est tuée au Canada tous les 2,5 jours en moyenne, un chiffre qui reste stable.

Survivre à un continuum de violences est un parcours d’épreuves sans fin pour les femmes et les filles victimes. Les traumatismes et les séquelles prennent du temps à être surmontés.

Ces femmes et ces filles victimes de violence conjugale, d’agression sexuelle, en situation de post-séparation, en situation économique difficile ont besoin d’être référées et accompagnées tout au long de leur démarche de réappropriation de leur santé physique, psychologique et économique. Ce processus ne peut pas se faire uniquement en période de crise, mais s’étend sur le long terme, de deux à trois ans sinon plus.

Ce processus nécessite donc un rehaussement du financement récurrent à la hauteur des besoins des groupes essentiels offrant des services de proximité et qui interviennent sur le terrain. Le dépôt du budget du ministre des Finances, Eric Girard, avec les 22,5 millions annoncés sur cinq ans pour combattre la violence conjugale, est loin de répondre de façon significative aux problèmes de violences vécus par tant de femmes, en termes d’accompagnement, de sécurité, de soutien et de justice.

Les femmes représentent 87 % des victimes en agressions sexuelles et 77 % en violence conjugale. Les hommes, quant à eux, représentent 97 % des auteurs en agressions sexuelles et 79 % en violence conjugale, selon l’étude du Conseil du statut de la femme Les personnes victimes d’agressions sexuelles ou de violence conjugale face au système de justice pénale : état de la situation (20 octobre 2020).

Quant au rapport du comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, Rebâtir la confiance, déposé le 14 décembre 2020, PDF Québec constate que l’emploi du terme « personnes victimes » ne rend pas justice au fait que les femmes constituent la très grande majorité des victimes. Il est même étonnant qu’aucune des 190 recommandations du rapport ne propose une approche judiciaire particulière pour les femmes.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion