On ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre le slogan de Denis Coderre pour son retour à la mairie de Montréal et le slogan répété ad nauseam aux États-Unis. Loin de moi l’idée de vouloir comparer M. Coderre à l’ancien président américain. Cependant, le parallèle dans l’approche démagogique et populiste ne peut être nié. Essayer de nous vendre la promesse d’un retour à une ancienne gloire n’est pas nouveau : on joue ainsi sur ce sentiment humain sensible au « dans le temps, c’était mieux » afin d’exposer ce qui, hypothétiquement, va mal aujourd’hui.

Ce sur quoi M. Coderre ne s’attarde pas trop, ce sont les chiffres et données à l’appui de son message.

Avant la pandémie, sous l’ère Valérie Plante, Montréal continuait d’enregistrer des chiffres records d’investissements dans les entreprises technologiques (2,642 milliards de dollars en 2019, soit + 7 % par rapport à 2018 et + 30 % par rapport à 2017), un nombre record de touristes (11,1 millions de touristes en 2019), le plus bas taux de chômage en 10 ans (7,2 % en 2018, 7,3 % en 2019). Montréal se positionne aujourd’hui au deuxième rang mondial pour sa stratégie d’attraction des investissements étrangers (Financial Times).

Même pendant la pandémie, Montréal a continué d’afficher plusieurs mois d’affilée une des meilleures reprises en termes de gain d’emplois comparativement à l’ensemble des grandes villes nord-américaines (juste après Phoenix en septembre 2020).

D’autre part, Montréal a réussi à maintenir un niveau d’investissement de 2,2 milliards de dollars en 2020. Les annonces d’ouvertures d’entreprises technologiques n’ont pas ralenti.

Pour n’en nommer que quelques-unes : Amazon Games, AppDirect, Haven, Rainbow Studios, Compulsion Games, DONTNOD, SQUAD, Dialectica, Boast. AI, Quantic Dream, Tata Consultancy, Focus Home Interactive et j’en passe.

Le nerf de la guerre de ces entreprises technologiques créatrices de richesse, c’est le talent. Ces entreprises s’installent là où le talent se trouve. Et pour attirer le talent, il faut créer une ville culturelle, sécuritaire, abordable, une ville avec une vie de quartier, une ville pour ses citoyens et dans laquelle l’humain est au centre de chaque décision. C’est ça, la proposition de valeur de Montréal comparativement aux autres villes. Pour ce faire, il faut continuer à créer une ville à échelle humaine.

Ce n’est donc pas en construisant des gratte-ciels, des héliports ou en illuminant des ponts qu’on va faire rayonner Montréal. Montréal ne deviendrait ainsi qu’une banale copie d’une vulgaire ville nord-américaine.

Montréal pour tous les Montréalais ?

Y a-t-il aujourd’hui deux classes de Montréalais, comme le prétend M. Coderre ? Lors de son mandat, il y avait ceux qui se déplaçaient en auto et… le reste. Le reste, c’était les citoyens comme ma famille qui prenaient parfois leur auto, mais souvent les transports en commun, transports dont les services ont été, année après année, réduits sous son règne (en 2017, la Société de transport de Montréal parcourait moins de kilomètres qu’en 2012 !). Le reste, c’était aussi les piétons ou citoyens se déplaçant à vélo : imaginez-vous que pour sécuriser une intersection ou une rue, ça prenait un quota de blessés et de décès ! Pour se déplacer à vélo, fournir ainsi sa part pour l’environnement et être en santé, il fallait se faufiler entre les autos, mettre sa vie en danger.

Aujourd’hui, ce déséquilibre est réduit grâce à une augmentation importante des transports collectifs et la création, quoique modeste, de nouvelles infrastructures cyclables (moins de 2 % de la voirie).

La relance au masculin ?

Nous faire croire que M. Coderre serait mieux positionné que Mme Plante pour la relance est symptomatique d’un phénomène constaté après la crise de 2008 aux États-Unis : plusieurs femmes PDG d’entreprise se sont fait remplacer par des hommes ; comme si les femmes n’étaient pas aptes à gérer une crise ou à effectuer une relance. C’est plutôt l’inverse, sachant que la relance, cette fois-ci, doit être humaine, inclusive et verte ; des attributs qui manquent cruellement à la vision de M. Coderre.

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