Au début de la pandémie, les écologistes qui assaisonnent mon fil de nouvelles sur Facebook ne manquaient pas de faire les liens entre la crise de la COVID-19 et la crise climatique.

Caricatures, mèmes, textes engagés pour faire des analogies qui passaient du désespoir (la vague climatique encore plus forte que celle de la COVID-19) à l’espoir (si on est capables de se mobiliser pour la COVID-19, imaginez ce que nous pourrions faire pour la planète), qui établissaient un lien de cause à effet entre les deux (notre envahissement de la nature qui nous expose à des virus mortels, la nature qui trouve sa vengeance contre l’humanité trop nombreuse).

Hors, à voir mon état mental… j’ai comme envie de m’enfouir la tête sous le sable.

Un an après… je n’espère qu’une chose : que la lutte contre les changements climatiques emprunte un chemin complètement différent. Si on veut une sortie de crise, il faut ramener le public vers une nouvelle forme de plaisir, retrouver nos liens sociaux, rebâtir sur des notions positives, sur du plaisir collectif, même si c’est à 2 mètres les uns des autres.

La privation, les sacrifices annoncés face aux dérèglements du climat pourraient nous ramener dans un état de déprime que je ne veux plus jamais revivre.

Si la lutte contre les changements climatiques est basée sur cette optique, je démissionne.

La COVID-19 a demandé des sacrifices tels qu’on a cessé d’avoir du plaisir au quotidien. Je compare la troisième vague au phénomène du yo-yo dans les régimes amincissants : trop de privations fait qu’on reprend tout le poids perdu dès les restrictions levées. À long terme, c’est un échec. On n’a pas réussi à penser la distanciation, le port du masque et la réduction de nos rapports sociaux comme un nouveau régime sain.

Tenir compte des injustices

La lutte contre la COVID-19 a révélé des inégalités sociales croissantes et les écarts entre pays riches et pauvres, entre riches et pauvres ont été encore plus frappants. Ça non plus, je n’en veux plus. Or, l’échec des grands accords écologiques mondiaux est justement basé sur notre incapacité à tenir compte de ces injustices.

Alors, de grâce, à tous ceux qui pensent à la sortie de crise, aux changements climatiques, ne tombons pas dans le piège du grand sacrifice collectif dont on nous assaille depuis le début de la crise.

Au contraire, misons sur les arts, sur la beauté des grands projets sociaux, sur la mobilisation citoyenne, sur le plaisir d’être ensemble, sur d’autres formes de réalisation de soi.

Pensons environnements favorables. Cessons les prêches qui relèvent d’un paternaliste dépassé, quittons la culpabilité… pour se sentir fiers de ce que nous réussissons enfin à faire mieux. Cessons de miser sur les tribunaux et la presse écrite pour traduire toutes nos dissensions. La culpabilité et les restrictions ne m’apportent aucun bonheur, la chicane encore moins. Cessons d’être éco-anxieux et soyons plutôt éco-courageux.

Trouvons notre bonheur dans la simplicité, mais surtout cessons de nous demander d’en faire plus, toujours plus. Acceptons nos limites et profitons du temps que nous offrent nos propres limites pour vivre autrement, avec des amis, des voisins.

Misons sur le vert ; c’est beau, des arbres. Misons sur des collectivités heureuses collectivement. Trouvons d’autres formes de solidarité. Écoutons-nous, bâtissons des solutions ensemble. Laissons les solutions émerger, même des plus grands critiques. Trouvons ensemble une nouvelle façon de faire ou de vivre ensemble.

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