Je travaille comme ergothérapeute au soutien à domicile à Laval. Je me sens privilégiée de faire partie de cette belle équipe qui aide les personnes et les familles dans leur projet de maintien dans leur milieu de vie, malgré les pertes d’autonomie.

À domicile, contrairement aux interventions en centre hospitalier ou de réadaptation, la vraie « couleur » de l’individu ressort dans toutes ses nuances, permettant des interventions plus personnalisées. La meilleure solution n’est jamais celle que nous pourrions avoir en tête, mais plutôt celle qui conviendra aux valeurs et aux expériences de la personne. Notre rôle est de la découvrir avec elle ; ce qui demande une bonne dose d’humilité, beaucoup d’écoute et de respect de leur unicité. Avant la mode du « ça va bien aller », nous, intervenants en soutien à domicile, vivions déjà avec l’arc-en-ciel éclatant des multiples couleurs de tous nos usagers.

Dans les derniers mois, avec la pandémie, j’ai été à même de constater le besoin criant de bénévoles pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables de la société, les personnes vivant avec un handicap physique ou avec de multiples problèmes de santé physique.

Depuis le début de la pandémie, les ressources bénévoles et plusieurs services communautaires se sont appauvris au moment où les personnes les plus vulnérables en avaient le plus besoin.

Il ne faut pas se le cacher, beaucoup de bénévoles sont des retraités ou des personnes âgées de 65 ans et plus. Du côté des ressources communautaires, les consignes sanitaires, les restrictions liées à la pandémie et la rareté des ressources humaines font qu’ils ne peuvent soutenir aucune nouvelle personne et que les services en présentiel sont restreints.

Plusieurs citoyens de votre communauté vivent dans un isolement et une précarité liés à l’absence de réseau familial ou social, à la complexification des démarches pour obtenir de l’aide, à des ressources financières limitées et à des handicaps divers qui nuisent à l’accès aux services requis.

Simple mais difficile

Comment une personne vulnérable fait-elle pour commander son épicerie par téléphone quand son appareil auditif est brisé, que la conversation est presque impossible et que ses capacités à utiliser un ordinateur sont minimales ?

Comment une personne vulnérable fait-elle pour se rendre à des rendez-vous médicaux alors que son endurance physique ne lui permet pas de marcher plus de 20 m (et encore, avec une marchette) ou de conduire la voiture ?

Comment une personne vulnérable fait-elle pour sortir les ordures régulièrement, sans les accumuler, alors que la porte de la chute à déchets du HLM qu’elle habite est trop lourde à ouvrir ?

Ce sont toutes des tâches qui semblent simples, mais difficiles à réaliser pour les plus vulnérables de notre communauté.

PHOTO FOURNIE PAR L’AUTEURE

L’auteure (à droite) et une amie en plein verdissement bénévole de la cour d’une ressource intermédiaire, pendant la première vague.

Vous ne pouvez pas savoir comment la présence d’un bénévole, ne serait-ce que ponctuelle, peut faire une différence ! Pour cet homme parkinsonien qui reçoit l’aide d’un jeune adulte depuis le printemps passé pour son épicerie hebdomadaire. Pour cet homme atteint d’un cancer métastatique qui n’arrive pas à faire ses suivis médicaux, mais qui reçoit de l’aide toutes les semaines d’un gentil voisin de 29 ans, le seul à s’impliquer auprès de lui. Pour cette très frêle dame de plus de 70 ans qui, juste avant Noël, a reçu une aide inespérée pour vider son réfrigérateur, le nettoyer et pour l’aider à commander son épicerie alors qu’elle avait passé plus d’une semaine au lit sans manger et était dans un grand état de faiblesse.

Je fais appel à tous les adultes, les jeunes et les moins jeunes, pour que vous songiez à prendre ne serait-ce qu’une heure ou deux de votre temps par semaine pour aider une personne dans le besoin, et ce, par l’entremise d’un organisme bénévole de votre région.

Comme intervenants en soutien à domicile, nous reconnaissons votre aide précieuse, en ce temps pandémique, qui a une conséquence directe et indirecte sur les plus vulnérables de la communauté. À chaque geste que vous faites, la personne vulnérable grandit, elle se sent digne de vos attentions, cela lui donne une raison de vouloir continuer à vivre et à se battre malgré les difficultés nombreuses qui se dressent sur son chemin.

Eh oui, comme le soulignait mon fils de 22 ans, le bénévolat n’est pas une activité proscrite par le gouvernement en ce temps de pandémie. Vous n’avez pas besoin d’avoir des connaissances particulières pour aider ces gens à domicile, mais seulement d’appliquer les règles sanitaires en vigueur et d’apporter un peu de chaleur humaine par votre présence et votre temps. Les organismes bénévoles peuvent vous apporter le soutien et l’encadrement requis à vos interventions.

Bien que nous ayons tous probablement un horaire chargé et l’impression de ne pas être au mieux de notre forme en ce moment, aidez-nous à agir dès maintenant sur ce qui se passe derrière les portes closes de ces gens à domicile. Ils méritent notre attention et un peu de notre temps, chaque geste compte !

> Consultez le répertoire des organismes et services communautaires (OBNL), publics et parapublics de Laval

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