Répondre à des épidémies est toujours un exercice de grande humilité. Comme le veut la loi de Murphy, tout ce qui est susceptible d’aller mal ira effectivement mal. Les épidémies sont sans pitié. Cruellement, elles révèlent au grand jour chaque maillon faible du système sanitaire.

La pandémie a soumis la mécanique des systèmes de santé de partout dans le monde à une épreuve ultime, de la même manière qu’un médecin fait passer à son patient un test à l’effort afin de dépister ses problèmes cardiaques. Force est de constater qu’à l’exercice du tapis roulant de la COVID-19, plusieurs secteurs de la réponse des systèmes de santé ont souffert d’angine de poitrine sévère.

On peut penser à :

– La solidarité internationale

– La réaction à l’alerte d’une urgence sanitaire mondiale

– La capacité à adopter des mesures de santé publique imparfaites

La solidarité internationale a été la première victime de la COVID-19. Dès le début, nous avons été confrontés à la pénurie de matériel autant qu’à la pandémie elle-même.

Cela a créé un monde de prédation pour accaparer les différentes ressources : les masques N95, les respirateurs artificiels et plus récemment les vaccins nouvellement développés. Mais peu à peu, surtout avec l’apparition des variants, nous réalisons que pour être mieux protégés, il est essentiel que tous le soient. La balle est dans le camp de la petite poignée de pays nantis qui s’est approprié en prévente plus de 60 % de la production mondiale à venir des vaccins pour 2021. Va-t-on laisser se créer un apartheid vaccinal ?

Les semaines perdues

Ensuite, lors de la déclaration de l’urgence sanitaire, le plus grand délai n’a pas été enregistré dans la détection et le lancement de l’alerte, mais bien dans la réponse à la pandémie des pays face à l’alerte. Plusieurs pays sont restés assis sur leurs mains pendant plusieurs semaines. Comme à la petite école, lorsque l’alarme de feu sonnait, nous restions assis à nos pupitres à nous demander si c’était un exercice d’incendie ou un feu réel, sans jamais bouger. Plusieurs d’entre nous ne descendions pas dans la cour d’école. Nous avons réagi de la même façon en entendant les premières alertes de COVID-19. Nous avons lamentablement échoué à évaluer la menace réelle d’une pandémie et avons perdu de précieuses semaines pour mater le virus lorsque la transmission communautaire était plus limitée.

Finalement, devant un virus émergent, nous avons bégayé, hésité et même fait des volte-face dans les directives relatives aux mesures sanitaires à adopter.

Il y a eu une réelle difficulté à embrasser des directives, des mesures ou des outils imparfaits pour ralentir la propagation du virus.

Or, il n’y avait pas de solutions parfaites, mais plutôt un millefeuille de solutions imparfaites dont la somme donnait une meilleure protection ou une diminution de la propagation. Le lavage des mains + la distanciation physique + le masque + la ventilation.

Sortie de crise

Mais la dernière grande épreuve de ce test du tapis roulant de la COVID-19 reste à venir. Il s’agit de voir comment nous allons gérer la sortie de crise avec les inconnues sur les variants et leur prévalence grandissante, sur les vaccins et leur accès en général, leurs campagnes et leur acceptation, ainsi que sur l’adhésion générale aux mesures de santé publique à moyen et long terme.

Nous sommes possiblement à un moment charnière, avant que se crée une mutation du virus qui lui permettra d’échapper aux vaccins : il faut avoir une réflexion profonde sur les choix à faire et sur l’avenir qui nous attend.

Nous rêvons tous de retourner en zone verte. Plus de rouge, plus d’orange, plus de jaune. Objectif vert sur la durée.

Aussi, quels choix stratégiques devons-nous envisager pour les mois plus chauds dans l’hémisphère Nord pour atteindre l’objectif vert durable ? Un déconfinement à gogo comme au Texas ? Une stratégie de mitigation avec des mesures à la carte et un risque non négligeable de reconfiner ? Un régime plus austère tendant vers une COVID-19 près de zéro pour arrêter ces montagnes russes de la pandémie ?

De façon générale, dans cet exercice de tapis roulant, l’objectif est d’avoir la forme pour continuer à courir à long terme… ou le plus longtemps possible. Personne n’a envie d’arrêter sa course, même si nous sommes peut-être prêts à vivre des ralentissements. Mais plusieurs d’entre nous seraient prêts à envisager une solution plus draconienne, comme un triple pontage, pour pouvoir reprendre la course à plein régime.

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