STIM pour sciences, technologie, ingénierie et mathématiques. On a tendance à instiller aux femmes présentes dans ces disciplines « dures » le sentiment qu’elles n’y sont pas à leur place. Partout dans le monde, les femmes ressentent ce malaise.

Le génie n’a jamais été mon premier choix. À mes yeux, les ingénieurs étaient des hommes, les soudeurs étaient des hommes, les constructeurs étaient des hommes et, moi, je n’en étais pas un. Par conséquent, il ne m’était jamais venu à l’esprit de faire carrière dans ce domaine.

Je me suis inscrite en commerce au cégep, mais sans enthousiasme. En dernière année, à ma grande surprise, une chargée de recrutement de l’École Gina-Cody m’a assurée que je pouvais m’inscrire en génie. Elle était si convaincante que j’ai osé franchir le pas.

Mon entourage cependant, tant masculin que féminin, ne cessait de me répéter que l’ingénierie était une affaire d’hommes. À tel point que j’ai fini par m’en convaincre moi-même. Si on ne m’a jamais dissuadée comme tel de devenir ingénieure, on est loin de m’y avoir incitée. Mais j’ai persisté.

Au début, j’ai souffert du syndrome de l’imposteur, persuadée de ne pas être à ma place. Le passage du commerce au génie s’est avéré plus ardu que je ne l’aurais cru : il me manquait les bases en sciences que possédaient la plupart de mes camarades et, en plus, à peine 10 % des étudiants de mes cours – et encore ! – étaient des filles. C’était décourageant.

La révélation

Ma perspective a changé du tout au tout au premier trimestre lorsque l’université a renommé École de génie et d’informatique Gina-Cody son ancienne faculté de génie et d’informatique. J’avais enfin une femme pour modèle ! J’ai soudain pris conscience que cette brillante ingénieure avait non seulement réussi dans la vie, mais aussi fédéré sous son nom la totalité des étudiants de l’École, filles et garçons. J’avais dès lors, moi aussi, le droit de m’approprier ce domaine. Le simple fait de voir les gars arborer le nom de Gina-Cody sur leurs t-shirts m’enchantait.

Forte de cette nouvelle assurance, j’ai voulu aller plus loin en rejoignant l’association Women in Engineering. C’est là, avec cette formidable équipe, que j’ai pu trouver ma place en génie. J’ai compris que des préjugés sexistes avaient entravé mes décisions et que, depuis que je suis toute petite, mon subconscient m’avait détournée de la profession d’ingénieur. Trop d’idées erronées empêchent les femmes de s’approprier les STIM ; consciemment ou non, ces préjugés les en écartent en minant leur confiance.

Il ne s’agit pas ici de bien paraître ou de remplir des quotas administratifs pour sauver la face. Oui, les filles sont aussi intelligentes et capables que les gars en matière technique et, non, elles ne trouveront pas un emploi plus aisément du seul fait d’être des femmes. Nous n’avons qu’une ambition : plancher sur nos travaux.

Des STIM à l’eSTIMe de soi

Encourageons les jeunes femmes à étudier dans les STIM et faisons en sorte d’éliminer les obstacles invisibles sur leur chemin. Plus les femmes qui ont opté pour ces disciplines seront visibles, plus nous, les filles, développerons un sentiment d’appartenance. C’est capital.

J’en appelle à nos collègues masculins. Vous faites intrinsèquement partie du changement. Les femmes constituent une minorité dans les disciplines dites dures. Nous n’arriverons pas à changer la donne seules et, d’ailleurs, ce ne serait pas juste. Nous avons besoin de vous.

Je suis extrêmement fière d’être étudiante en génie à l’Université Concordia, où professeurs et étudiants valorisent l’égalité hommes-femmes. Aux jeunes femmes qui envisagent de faire carrière dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, je dis : « N’hésitez pas, vous y serez tout à fait à votre place. »

* Alexandra McMullin est membre du conseil de direction de l’association étudiante Women in Engineering.

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