Alors que la pandémie touche particulièrement les cliniques de la mémoire, nous souhaitons partager des nouvelles encourageantes sur cette terrible condition. Malgré un certain nombre d’échecs pour les essais thérapeutiques avec des anticorps monoclonaux contre l’amyloïde ces dernières années, la recherche a produit récemment quelques résultats positifs, témoignant de progrès réels dans la compréhension et dans les soins pour la maladie d’Alzheimer.

En dépit de la pandémie, la recherche de biomarqueurs (substance mesurable dans l’organisme dont la présence indique un phénomène tel qu’une maladie, une infection ou une exposition environnementale ; par exemple, le taux de sucre dans le sang peut servir de biomarqueur pour le diabète) a porté ses fruits : des fragments de la protéine tau anormale associée à cette maladie ont été trouvés en quantité élevée dans le sang de participants à une étude observationnelle réalisée à l’Université McGill (cohorte BIOVIE) et ouvre la porte à un diagnostic précis lorsque les symptômes émergent.

Ce type de test est nettement plus accessible que l’analyse plus invasive du liquide céphalo-rachidien par la technique de ponction lombaire actuellement utilisée.

Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont démontré qu’un breuvage cétogène modifie le métabolisme cérébral et améliore la mémoire chez des personnes avec des troubles cognitifs légers. Des essais de plus grande envergure sont en cours pour établir l’efficacité à plus long terme de cette approche.

Un autre groupe de personnes présentant des troubles cognitifs légers a été suivi pendant de nombreuses années à l’Université de Montréal et un suivi systématique de leur fonctionnement de tous les jours a démontré des profils d’évolution différents qui pourraient prédire qui est plus à risque de progresser vers une démence.

Des études sur le bilinguisme coordonnées par l’Université Laval améliorent la précision d’une batterie de mesures de la mémoire et des autres fonctions intellectuelles développée à Québec.

Une molécule développée dans un laboratoire de Laval, le tramiprosate, modifie l’agrégation des fibrilles d’amyloïde et va être testée à travers le monde chez les personnes avec maladie d’Alzheimer légère avec un profil génétique spécifique (ApoE4/4).

Dans le contexte de la pandémie, la télémédecine a permis le suivi des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer chez elles, et des mesures à distance de la mémoire, de l’humeur et du fonctionnement de tous les jours sont en cours de validation et vont simplifier les nouvelles études cliniques.

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont davantage l’occasion d’indiquer leurs préférences pour la prise en charge au début que lorsque la maladie aura progressé et qu’elles pourraient avoir une pneumonie due à la COVID-19, et elles auront bientôt l’option de l’aide médicale à mourir au moment qu’elles auront choisi.

Enfin, la situation périlleuse des aînés vivant dans les centres de soins prolongés force notre société à réexaminer si ces lieux de vie sont appropriés comparativement au maintien à domicile avec des services d’aide adéquats pour les familles et proches aidants.

Nous sommes donc sûrs que les leçons apprises en cours de pandémie et la continuation des efforts de la recherche clinique au Québec vont permettre un nouvel élan pour la recherche sur la prévention de la maladie d’Alzheimer et une meilleure prise en charge si elle atteint le stade de démence, c’est-à-dire lorsque l’altération des fonctions cognitives entraîne la perte de l’autonomie de l’individu. La pandémie actuelle ne doit pas faire perdre de vue les avancées dans d’autres domaines de la médecine.

*Signataires, médecins et membres de l’exécutif du Réseau des cliniques mémoire du Québec : Guy Lacombe, Alain Robillard, Rémi W. Bouchard, Marie-Chantal Ménard et Christian Bocti.

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