La Presse+ du 11 février 2021 nous apprend que l’incertitude qui plane sur le financement de la construction de la station du Réseau express métropolitain (REM) à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau tire à sa fin. Pour mener à bien ce projet évalué à 600 millions de dollars, on propose un montage financier dans lequel la Banque de l’infrastructure du Canada avancerait 400 millions de dollars, tandis que le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec mettraient chacun 100 millions de dollars sur la table.

Cette proposition nous apparaît, à première vue, généreuse puisqu’elle ne semble pas tenir compte des capacités financières d’Aéroport de Montréal (ADM) lorsque la situation sanitaire est normale. Par exemple, ADM est une société très rentable qui a réalisé un bénéfice de 98 millions de dollars sur un chiffre d’affaires de 707 millions de dollars en 2019, ce qui lui procure une marge bénéficiaire de 14 % et un rendement de 33 % sur son actif net. De plus, elle a investi 352 millions de dollars au cours de la seule année 2019. Enfin, elle disposait d’une encaisse de 118 millions de dollars et d’une marge de crédit de 150 millions de dollars dont un peu moins de la moitié était disponible au 31 décembre 2019. Une telle situation financière ferait l’envie de nos meilleurs entrepreneurs. En temps normal, ADM pourrait donc financer un tel projet sans aide gouvernementale.

L’industrie aérienne est l’une des plus grandes victimes de la pandémie actuelle et on peut comprendre l’hésitation d’ADM à commencer la construction de la station du REM à ce moment-ci.

Plutôt que de financer le projet en entier, il serait préférable de faciliter l’obtention par ADM d’un prêt commercial pour financer la construction de cette infrastructure. Après l’inauguration dans trois ou quatre ans, la pandémie sera un lointain souvenir et ADM pourra obtenir un financement à très long terme à des conditions avantageuses pour rembourser le prêt de construction.

Cette façon de procéder s’inspire du modus operandi du secteur privé pour financer les projets d’infrastructure. On obtient tout d’abord un prêt pour la construction à un taux relativement élevé compte tenu des risques à encourir pendant cette phase délicate du projet. Une fois la construction terminée et le projet bien en selle, les risques sont moins élevés et on peut obtenir du financement à plus long terme à bien meilleur taux. Il n’y a aucune raison de ne pas agir de cette façon pour la station du REM. Elle contribuera à augmenter l’achalandage de l’aéroport et elle sera fort probablement encore utile dans 100 ans.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion