La pandémie a mis en évidence le prix potentiel à payer si la moitié du monde est laissée derrière alors que les pays riches continuent à avancer. Les progrès réalisés au prix d’importants investissements et de travail acharné depuis des années en termes de développement international s’effritent depuis le début de la COVID-19 et il faut agir maintenant.

Nous ne sommes pas les seuls à le dire, les experts le font aussi : la relance économique se fera partout dans le monde ou nulle part. La pandémie nous a tous rappelé combien le monde est interconnecté et interdépendant. Ainsi, notre santé économique et physique est liée à celle des autres, qu’ils soient ici ou à l’autre bout de la planète.

Si la pandémie a mis tout le monde à l’épreuve ici au Canada et a nécessité un effort commun pour éviter le pire, elle nous a aussi rappelé la fragilité des pays en développement face à une telle crise sanitaire, de même que le besoin d’avoir une vision globale et des actions concertées. Elle a également mis à nu les effets d’un sous-financement chronique dans notre capacité à agir conjointement. Dans cette optique, la contribution et la collaboration des pays riches ne peuvent faire défaut.

Le rôle du Canada dans le développement international et l’aide humanitaire a certes souvent été applaudi, mais aussi parfois décrié en raison d’un financement insuffisant.

C’est l’occasion idéale pour le Canada de montrer son leadership sur la scène internationale et de remplir ses engagements internationaux. Aux côtés de 192 pays, le Canada a promis de créer un monde plus sûr, plus juste et plus durable d’ici 2030. Pour atteindre les Objectifs de développement durable, se protéger et protéger les autres pays du monde contre de futures catastrophes, le Canada doit s’engager à augmenter de façon continue et à long terme son aide internationale.

Plusieurs occasions sont devant nous pour sensibiliser et agir concrètement. Pendant la Semaine du développement international (jusqu’au 13 février), Coopération Canada, l’association nationale des organismes intervenant dans le secteur de la coopération internationale et dans l’humanitaire, discutera avec des Canadiens, d’autres organismes, des politiciens, de solutions tangibles qui feront une différence.

Le cercle vicieux du sous-financement

Le budget fédéral est un autre moment pour agir. Le gouvernement de Justin Trudeau doit saisir l’occasion de briser le cercle vicieux d’un sous-financement qui est en deçà de ses promesses de financement en développement international.

Aujourd’hui, le Canada affiche son bilan le plus faible en 50 ans de financement du développement international et de l’aide humanitaire. En 2018-2019, le pays y a investi 6,2 milliards de dollars, soit 0,27 % du revenu national brut (RNB). Ce montant est bien inférieur aux 0,7 % que les pays riches se sont engagés à dépenser chaque année depuis 1970.

Les Canadiens sont assez peu au courant du fait que leur pays ne contribue pas autant qu’il le devrait pour aider les plus démunis de la planète.

Dans notre rapport Un plan pour nous tous, nous révélons que de nombreux Canadiens croient que le pays est un leader en coopération internationale, un exemple à suivre, alors qu’en fait, il tire de l’arrière comparé à d’autres pays.

Et pourtant, les besoins sont là et criants, si nous ne voulons pas perdre les acquis de décennies d’engagement dans le développement international pour l’éducation des filles, la santé, une meilleure espérance de vie pour des millions d’individus. À preuve, les pertes économiques mondiales de la COVID-19 sont évaluées à 8500 milliards de dollars américains et 71 millions de personnes sont en situation de pauvreté extrême.

Il est donc nécessaire que le gouvernement augmente le financement en développement international pour assurer une relance mondiale. Cela répondrait aussi à son engagement dans le récent discours du Trône et dans les lettres de mandat ministériel supplémentaires de la ministre du Développement international, Karina Gould, l’invitant à faire davantage pour la relance économique et une meilleure résilience des pays en développement.

Nous ne parlons pas que de générosité, mais aussi d’investissement. Pour un pays comme le Canada qui a des ententes commerciales avec de très nombreux partenaires, la bonne santé financière des autres est bénéfique. Par ailleurs, nous brassons des affaires avec les pays que nous aidons. Quand ils vont mieux, ils deviennent souvent des partenaires commerciaux du Canada. Le Viêtnam en est un bon exemple. En 1993, nos échanges commerciaux avec le Viêtnam se chiffraient à 50 millions de dollars. En 2018, ils étaient à 6,6 milliards de dollars.

La COVID-19 nous a appris plusieurs leçons. Quand on vaccine les plus fragiles, l’ensemble de la population se porte mieux. Quand on aide les plus pauvres, l’économie se porte mieux. En priorisant les plus marginalisés, nous en bénéficions tous.

Le Canada doit faire sa part pour aider les plus démunis. Ce n’est pas qu’une question de chiffres, c’est une question de justice et d’humanité.

* Anciennement le Conseil canadien pour la coopération internationale

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