La pression sur le système de santé est à ce point insoutenable que le gouvernement du Québec a récemment été sur le point d’enclencher le Protocole de priorisation des patients aux soins intensifs. Alors que la province est aux prises avec une importante éclosion de COVID-19, nos infirmières et inhalothérapeutes quittent le navire.

À l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal, ce sont 166 infirmières et 7 inhalothérapeutes qui ont quitté leur poste entre le 15 mars et le 7 septembre dernier. Pendant ce temps, ce même hôpital, le quatrième plus grand au Québec, est dans un état de précarité avancé malgré la pression énorme subie aux soins intensifs.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Le manque criant de ressources en milieu hospitalier est un problème connu depuis hélas trop longtemps.

C’est une difficulté que nous, les comités d’usagers, connaissons bien puisque, étant donné notre mission, nous veillons de façon indépendante au respect des droits des usagers de chaque établissement de santé. À la base de ces droits fondamentaux se retrouve le droit aux services selon lequel un patient doit pouvoir « avoir accès et recevoir les services nécessaires comme les examens, les prélèvements, les soins, les traitements ou toute autre intervention ».

Cela semble être une évidence, mais pour que les usagers aient accès à ces soins, l’établissement doit être en mesure de les fournir.

Or, à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont seulement, sur 550 lits disponibles, 150 d’entre eux sont actuellement fermés en raison du manque de personnel soignant. De plus, l’hôpital a été désigné comme établissement de première ligne dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, et ce, malgré la détérioration du bâtiment et la vétusté connue de ses installations qui ne comportent aucune chambre simple ou à pression négative, et pas d’air climatisé non plus. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a d’ailleurs attribué la note de D à Maisonneuve-Rosemont, signifiant ainsi le niveau élevé de dégradation et de défectuosité de l’infrastructure.

Laissez-moi donc reposer la question : mais comment en sommes-nous arrivés là ?

Les coupes dans le milieu de la santé sont monnaie courante depuis plusieurs années, peu importe le gouvernement au pouvoir. Le sous-financement des installations et du personnel médical est un enjeu complexe, mais qui mérite une attention plus soutenue de la part de nos dirigeants alors que ce sont ceux-là mêmes qui s’évertuent actuellement à sauver nos vies.

Freiner l’exode

Comment se fait-il que, depuis des années, nous laissons notre personnel hospitalier travailler des quarts de travail doubles et même triples ? Comment se fait-il que le fait de travailler dans un hôpital implique automatiquement des heures supplémentaires et des transferts d’établissement obligatoires, alors que les vacances ne sont pas garanties, comme certains l’ont découvert à leurs dépens cet été ? Comment se fait-il que nous regardions, impuissants, l’exode de notre personnel hospitalier vers le privé ?

L’entente conclue en décembre avec la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, concernant l’amélioration des conditions de travail des infirmières, est un bon début.

La moindre des choses serait maintenant d’apporter ces changements à toutes les professions du milieu hospitalier et de garantir à tous un milieu de travail digne de ce nom.

Il est peut-être trop tard actuellement pour se poser ces questions. Mais j’ose espérer que cette pandémie nous aura appris une leçon, soit celle de notre interdépendance collective. En effet, si, ensemble, nous ne nous attardons pas à un problème de façon adéquate, celui-ci prendra de l’ampleur. Une ampleur qui, comme on le constate actuellement, pourrait devenir, plus tôt que tard, un enjeu de vie ou de mort.

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