La COVID-19 nous aura surpris en mars dernier. Si seulement nous savions ce qui nous attendait. L’année 2020 a été éprouvante pour plusieurs, et voilà que nous retombons dans le brouillard et dans des temps obscurs et incertains. Ces mots peuvent vous sembler lourds, mais c’est ce qu’inflige la pandémie à un grand nombre d’adolescents.

Étant une ado de 16 ans, je suis censée vivre de fabuleuses expériences et des aventures qui me feront grandir et qui me feront voir la beauté de ce monde. Ce n’est malheureusement pas ce que je vis, ni mes amis, ni certainement des millions d’êtres sur notre planète infectée.

Les émotions et les sentiments que je vis sont refoulés pour ne pas qu’ils jaillissent et explosent dans tous les sens. Je ressens continuellement la pression de devoir être présente pour mes amis, ma famille. Je sens que je dois écouter leurs problèmes, leurs ennuis, et que je dois, moi aussi comme tout le monde, leur faire croire que « tout va bien aller » alors que je sais très bien que c’est la pire réponse à donner.

De nature sensible, j’ai tendance à ressentir et absorber les énergies qui m’entourent. Ce qui augmente considérablement mon taux d’anxiété. J’ai l’énorme chance d’être née dans une famille aimante, chaleureuse, avec les moyens de me payer une bonne éducation. Je ne suis pas à plaindre, mais vivre 24 heures sur 24 avec ma famille, sous le même toit à l’âge où je ne veux qu’être avec mes amis, me rend la tâche difficile. Ça complique malheureusement quelques relations.

Le plus difficile, c’est de ne pas pouvoir serrer dans mes bras mes amis qui en ont vraiment besoin. Ma gang qui souffre parce que certains d’entre eux ne sont pas capables de sortir du lit, d’autres coulent leur année non pas par lâcheté, mais par désespoir, par perte de motivation totale, par perte de goût à la vie.

Du jour au lendemain, nous devons être responsables, autonomes et rester attentifs à nos cours. Être assis toute la journée devant un écran rempli de vignettes de couleur, afin de faire nos devoirs jusqu’à tard le soir. Et la formule se répète jour après jour, sans jamais pouvoir retrouver ce à quoi nous nous accrochons lorsqu’on a 16 ans : nos amis, nos loisirs, nos sorties, nos bons comme nos moins bons coups. Comment sommes-nous censés évoluer et performer dans ces conditions ?

Pour vous donner un exemple, c’est comme si nous demandions à une fleur d’éclore en hiver.

Cette pandémie nous oblige à découvrir le monde sans échéancier indiquant la fin de cette pandémie. Un délai encombrant qui nous rend vulnérables et qui nous marquera pour la vie. Le monde virtuel est bien moins excitant que le prétendent certains films de science-fiction. Puis, lorsque nous allons à l’école, vous prétendez peut-être que les problèmes se règlent, que nous retrouvons nos amis, mais ce n’est pas le cas. L’ambiance et l’environnement qui nous entourent sont tellement différents et anormaux. Le climat m’est lourd et déprimant.

Ceci étant dit, l’annulation des examens du ministère de l’Éducation a provoqué une réaction d’une partie de la population. Certains disent que nous serons des imbéciles ou encore des cancres sans ces évaluations. Nos années d’études ne seront pas réduites en miettes pour autant. Si seulement vous saviez à quel point cette nouvelle a remonté le moral de centaines de finissants.

Se faire dire « ça va passer », « prends ton mal en patience », « va marcher », « va prendre l’air », non seulement ça ne règle rien, mais ça contribue essentiellement à nous faire sentir incompris et laissés à nous-mêmes.

Le désir de s’engourdir pour ne plus sentir nos douleurs est plus que présent. La drogue rôde et réussit à se rendre jusqu’aux plus vulnérables et à prendre le contrôle sans avertir.

Je ne pensais jamais vivre ma cinquième secondaire de cette manière. J’aurai réalisé hors de tout doute que ma vie sociale est très importante et que je ne serais pas dans le même état d’esprit sans mes discussions nocturnes avec mes amis.

L’adolescence est une période difficile mais aussi constructive. Nous apprenons qui nous sommes, nous développons notre mentalité et nous bâtissons notre avenir. Je voulais vous faire part que ces belles choses sont négligées en ce moment et que nous devons les vivre dans notre chambre.

Par contre, je ne peux passer sous silence ma compassion pour le personnel soignant, le personnel scolaire et toute autre personne qui vit cette pandémie d’arrache-pied. Il est crucial de ne pas montrer du doigt, mais bien de se serrer les coudes afin que notre société puisse grandir et changer pour le mieux. Soyons solidaires pour que les travailleurs essentiels puissent enfin se reposer, pour que nous puissions nous élever et guérir dans tous les sens du terme.

Je ne pourrais pas compter le nombre de fois où je me sens prisonnière et claustrophobe de mon propre corps à cause du trop-plein d’émotions. Je ne pourrais pas compter le nombre de fois où j’aurais aimé m’enfuir, courir dans les rues avec ma musique au maximum. Mes nombreux scénarios créés dans ma tête pour oublier ma réalité, pour oublier cette misérable situation, pour oublier la pression ressentie, le jugement des autres sur notre « lâcheté ». J’en ai marre.

La vie me semble très différente de celle d’avant et j’espère que ça nous rassemblera et que l’on pourra récupérer nos années confinées.

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