J’ai mis au monde trois enfants, seulement un fils me fut donné. Ce fils adoré vit en Californie pour son travail. Je le vois rarement. Il a épousé une Californienne, sa vie ne sera jamais près de moi. Il est papa d’une petite fille âgée de 4 ans, c’est une merveille. Lorsqu’elle s’approche de moi, elle transporte avec elle toute la lumière de l’univers. Lorsque ses petits bras entourent mon cou, mon cœur s’évanouit d’amour.

Pour Noël, je devais partir fêter en Californie. Ce projet s’est envolé avec l’arrivée de la pandémie.

Lorsque je vois un médecin habillé en astronaute serrer dans ses bras un vieillard malade de la COVID-19, je souffre.

Lorsque je vois des infirmières porter le masque, jour après jour, soigner les gens tout en étant remplies d’humanité, je souffre.

Lorsque je vois des préposés aux bénéficiaires mourir à la tâche sans se plaindre, je souffre.

Lorsque je vois les concierges, les cuisiniers de nos hôpitaux, les éducatrices en garderie, les ambulanciers et ceux qui travaillent pour nous tous, à notre service, je souffre.

Pourtant, il semble qu’il y ait des personnes insensibles à toute cette souffrance. Des gens voyagent sous divers prétextes fallacieux. Pire, certains n’en font qu’à leur tête, dans un égoïsme effrayant.

Alors, je suis fatiguée.

Je porte le deuil d’un mari décédé. Je porte le deuil de deux enfants morts, je porte le deuil d’une séparation de mon fils et de sa famille, je porte le deuil de la solitude, cette solitude qui couvre mon quotidien.

Pourtant, des mots qui semblent vieux résonnent en moi. Ils sont charité, bonté, générosité, gentillesse. Ces mots portent un idéal, un courage, de l’abnégation de soi pour les autres.

Je suis d’une famille nombreuse et l’argent était rare. Pourtant, ces sacrifices ont forgé mon caractère. Avec peu d’argent, j’ai réussi mes études afin de poursuivre mon rêve.

Aussi, je crois que nos petits-enfants québécois peuvent prendre part à ce grand effort national. Des contraintes de quelques mois pourraient servir à leur montrer le partage avec autrui.

J’ai pleuré en voyant les voyageurs revenir du Sud, alors que moi et des milliers d’autres avons fait le choix d’être solidaires, unis dans toute cette souffrance.

Notre vie n’a de sens que dans l’amour. Croire que l’amour existe encore…

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