Cela a commencé par la publication d’un dossier par un quotidien à partir du séjour d’une journaliste dans un hôtel tout inclus dans le Sud, fréquenté par des Québécois dont plusieurs ne semblaient pas respecter les consignes de la Santé publique.

On a découvert ensuite que plusieurs députés et ministres étaient allés à l’étranger, les chefs de parti étant le plus souvent au courant.

Lapidons-les !

Mais le comble, c’est quand on a appris que certains Canadiens devant faire une quarantaine au retour d’un séjour dans le Sud seraient admissibles à une prestation fédérale de 500 $ par semaine, pendant que de valeureux travailleurs de la santé s’épuisent à sauver des vies dans les hôpitaux sans pouvoir prendre de vacances.

Il n’en fallait pas plus pour que la frustration, la colère, la rage éclate à l’égard de ces « égoïstes irresponsables mettant en danger la vie de leurs concitoyens », le gouvernement fédéral étant sommé par le premier ministre François Legault de fermer immédiatement les frontières.

La prochaine étape devrait être la lapidation publique des touristatas à leur retour à Dorval, faute de pouvoir les faire souffrir au maximum en les enfermant à double tour dans des complexes hôteliers de type coréen. À moins, évidemment, qu’il ne reste encore des places à Guantánamo…

C’est vieux comme le monde ! À chaque période de grands malheurs de l’humanité, quand la peur, l’angoisse et l’impuissance deviennent trop fortes, émergent des boucs émissaires sur lesquels on peut se défouler, comme les Juifs et les sorcières lors de la peste noire au Moyen Âge.

Au sein d’une population de plus en plus craintive et malheureuse, on est confronté à ce phénomène qui pourrait bien prendre de l’ampleur alors qu’on s’attend aujourd’hui à l’annonce de mesures encore plus dures.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

L’aéroport Jean-Lesage, à Québec

Démocratie libérale

Est-il permis dans ce contexte de rappeler certaines réalités inhérentes, entre autres, à une démocratie libérale ? Comme le fait que les citoyens ont le droit constitutionnel de quitter le Canada, qu’ils ne sont pas en prison dans leur pays, n’en déplaise au nouvel évangile sanitaire en vigueur, dans un contexte de radicalisation de plus en plus évident et inquiétant en ce domaine.

Comme le fait que la situation actuelle, aussi grave soit-elle, n’a pas grand-chose à voir avec le printemps dernier où la COVID-19 est arrivée de l’étranger alors que les gestes barrières n’étaient encore pratiqués nulle part, un article venant de rappeler dans l’édition du 22 décembre de Nature que la fermeture des frontières n’a plus la même efficacité aujourd’hui.

Comme le fait que rien ne prouve que les Québécois en vacances à l’étranger soient responsables pour une part significative de l’augmentation des cas de COVID-19, ni qu’ils se comportent tous en irresponsables se fichant de la quarantaine à l’arrivée.

Tous les voyageurs, même ceux qui vont dans des endroits superprotégés, portent le masque, ne rencontrent personne et respectent les distances, sont pourtant assimilés à des criminels sans éthique à dénoncer.

Rappelons enfin que l’admissibilité de certains de ces voyageurs à une prestation fédérale résulte de ce que le gouvernement Trudeau a délibérément choisi dans cette crise, sous les applaudissements unanimes, de dépenser plus que moins. Qui doute que cette brèche sera corrigée, sans oublier qu’une quarantaine vérifiée constitue un moyen efficace de contrer le virus ?

Mairesse de Montréal

Il est facile pour le gouvernement québécois de jouer le vertueux en appuyant la fermeture des frontières réclamée par une population apeurée, quand il n’aura pas à l’imposer ni à en supporter les conséquences. Comme ces compagnies aériennes au bord de la faillite, à qui on a permis à nouveau de voler et à qui on veut enlever maintenant les clients.

Au fond, même si les Québécois qui vont sous d’autres cieux respectent toutes les règles, on s’en fiche. Car ce n’est pas le risque qu’ils représentent qui dérange, c’est plutôt la parcelle de bonheur qu’ils ont osé s’offrir.

Pour les puritains de la souffrance solidaire, on n’a pas le droit d’être heureux quand nos vieux souffrent, quand c’est l’angoisse dans les hôpitaux et qu’on interdit les rencontres de famille durant les Fêtes.

La peur peut amener à faire des choses indignes. C’est ainsi que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, forte du prestige de sa fonction, a incité les Montréalais à dénoncer la veille de Noël leurs voisins qui ne respecteraient pas les consignes de la Santé publique, faisant craindre l’arrivée de la police à ces citoyens qui n’ont pas suivi à la lettre les consignes ce soir-là, sans être des irresponsables ni des criminels pour autant.

Je vous avoue qu’en ce qui me concerne, j’ai plus de respect pour ceux de mes concitoyens qui se sont offert un voyage au soleil en respectant les règles que pour une mairesse de Montréal qui souhaite que l’on se dénonce entre voisins le soir de Noël.

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