Au printemps dernier, à l’issue d’une première vague de COVID-19 douloureuse tant sur le plan humain qu’économique, le gouvernement du Québec s’engageait à relancer l’économie. Les projets de loi et les plans se sont depuis succédé : projet de loi 61 portant sur la relance de l’économie du Québec, projet de loi 66 sur l’accélération des projets d’infrastructure, projet de loi 69 sur le patrimoine culturel, projet de loi 44 sur la gouvernance de la lutte contre les changements climatiques et l’électrification, plan pour une économie verte… On a aussi annoncé la tenue prochaine d’une conversation nationale sur l’aménagement du territoire.

Ces mesures ont toutes un point commun : elles touchent, de près ou de loin, le secteur du bâtiment.

Quoiqu’individuellement porteuses de promesses, elles souffrent d’un manque de vision intégrée qui permettrait de faire de notre cadre bâti un véritable projet collectif, guidé par les valeurs de résilience, d’inclusion et de durabilité.

Il faut le rappeler : les bâtiments sont plus que le produit de l’industrie de la construction. Ce sont des milieux de vie qui fournissent tantôt des lieux de socialisation, tantôt des refuges dont les gens ont besoin. Ils servent de support à la plupart des activités économiques. Par leur emplacement et leur disposition, ils façonnent nos villes et déterminent nos déplacements. Ils définissent ainsi nos modes de vie et, de ce fait, notre identité et notre culture.

En revanche, nous savons aujourd’hui que leur construction et leur cycle de vie ont un impact environnemental considérable, qu’il importe de minimiser.

Nous savons aussi que les changements climatiques sont réels et qu’il faudra rendre nos bâtiments plus résilients face à des évènements météorologiques de plus en plus intenses.

En parallèle, le bâti québécois subit un important déficit d’entretien qui mène inconsidérément à des démolitions contre-productives. Les biens patrimoniaux, notamment, en sont victimes, ce qui menace le caractère de nos villes et villages. Enfin, la qualité des milieux de vie n’est pas distribuée également, ce qui crée des iniquités sur le plan des conditions de vie : toute famille qui vit loin des services, dans un logement mal isolé, insalubre ou mal aménagé en sait quelque chose.

C’est pour aborder ces enjeux de manière durable qu’il faut une vision d’ensemble pour le bâtiment. Une vision qui vise la qualité, c’est-à-dire une volonté de réaliser les meilleurs projets possibles dans le contexte actuel et pour les 50 aux 100 prochaines années.

La relance ne portera vraiment ses fruits que si elle lègue des infrastructures durables, utiles et signifiantes pour la population.

Des exemples inspirants

Certains États ailleurs dans le monde sont engagés dans cette voie. Cet automne, la Commission européenne a publié la Déclaration sur le nouveau Bauhaus européen, dont l’intention est « de rendre tangibles le confort et l’attrait d’un mode de vie durable » en apportant la preuve que « ce qui est nécessaire peut aussi être beau ». La France vient quant à elle d’adopter le Pacte national pour la relance de la construction durable afin de concilier qualité environnementale, confort et accès à la nature. Plus près de nous, l’Agenda montréalais 2030 pour la qualité et l’exemplarité en design et en architecture a des visées similaires.

Le Québec doit s’inspirer de ces exemples et se doter d’une vision ambitieuse pour sa relance qui intègre des éléments tels que la sauvegarde du patrimoine, les actions de lutte contre les changements climatiques, la rénovation et l’entretien du parc immobilier ainsi que l’accès au logement.

Cette vision permettra de mieux exploiter le potentiel structurant du cadre bâti existant pour nos communautés, l’environnement et l’atteinte d’une plus grande équité sociale.

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